Un tueur redoutable : l’amiante

Réaffirmant l’urgence d’une interdiction internationale de l’amiante, Ezio Bonanni, président de l’Observatoire national italien de l’amiante (ONA), a déclaré : « Aujourd’hui, nous nous souvenons des victimes de l’amiante, mais cette journée n’est pas seulement un jour de mémoire. C’est un appel à la responsabilité, à la protection de ceux qui vivent, travaillent et étudient aujourd’hui dans des lieux contaminés Et nous réaffirmons notre engagement : plus jamais le profit sur le dos des gens. Il n’est plus acceptable que nous soyons gouvernés par le lobby des producteurs de ce minerai mortel ».

Les données publiées par l’ONA sont alarmantes.

En Italie, au cours de la décennie 2015-25, le mésothéliome et d’autres maladies liées à l’exposition à l’amiante dont la latence est très longue, pouvant aller jusqu’à 30 ans, ont causé environ 60 000 décès et, en 2023, environ 7 000 décès ont été enregistrés et 10 000 cas de personnes atteintes de pathologies causées par l’amiante ont été diagnostiqués, dont 56 % sont concentrés en Lombardie, dans le Piémont, en Ligurie et dans le Latium

L’amiante contenu dans divers produits manufacturés et dans le fibrociment, ou éternit, répandu dans un million d’endroits, dont 50 000 sites industriels et 42 zones SIN (sites d’intérêt national), s’élève à 40 millions de tonnes.

Il reste encore à assainir 500 hôpitaux, 2 500 écoles fréquentées par plus de 352 000 élèves et 50 000 enseignants et employés, 1 500 bâtiments publics et, sur un total d’environ 500 000 km de canalisations installées avant 1992, environ 300 000 km de conduites du réseau d’eau.

Selon les enquêtes de Legambiente, seuls 25 % de l’amiante recensé a été retiré et, si le rythme des opérations de dépollution reste le même, il faudra encore 75 ans pour libérer l’Italie de la menace qui pèse sur la population.

Le 28 avril, l’AFeVA d’Émilie-Romagne a présenté le docu-film intitulé FIBRE DI INGIUSTIZA (FIBRES D’INJUSTICE), qui rassemble de nombreux témoignages de travailleurs et de citoyens victimes de l’amiante. L’AFeVA de Casale Monferrato a organisé des événements lors de la journée mondiale et même avant, les 25, 26 et 27 avril, puis

Le 30 avril, à Casale Monferrato, se dérouleront les événements dont la tenue, prévue le 24 avril, a été reportée en raison du deuil national. Les nouvelles installations de l’Aula Asbesto/Amianto (salle amiante) aménagée à l’intérieur du lycée municipal et rebaptisée cette année Aula 2 A – Amianto/Ambiente (salle 2 A – Amiante/Environnement) seront inaugurées et une performance célébrant deux événements, la Journée mondiale de la Terre et la Journée mondiale des victimes de l’amiante, sera présentée. Le spectacle, intitulé « Il mare a Casale » (La mer à Casale) et mis en scène par les élèves de la ville, propose une représentation de la réalité possible dans un avenir où, en raison du changement climatique, la plaine du Pô sera à nouveau submergée par les eaux.

Le 1er mai, à l’occasion de la Fête du Travail, une plaque dédiée aux victimes de l’amiante sera apposée au Musée de la Résistance de Camagna Monferrato, qui donnera son nom à une salle du musée.

Le lien entre ces commémorations et ces lieux a été souligné lors de la célébration du 25 avril par Giorgio Barberis, qui, au début et à la fin de son intervention à Casale Monferrato, a fait référence aux principes éthiques défendus par les partisans, rappelant l’engagement des citoyens à revendiquer leurs droits pour l’assistance aux malades pour l’assainissement environnemental du territoire, pour l’indemnisation des invalides et des familles des victimes et, surtout, pour la reconnaissance de la responsabilité des dirigeants et du PDG d’Eternit, c’est-à-dire des dirigeants et des propriétaires de l’usine où le ciment-amiante a été produit sans interruption pendant 80 ans

Le 7 mai, à Casale Monferrato, une rencontre est prévue avec les substituts du procureur de la République Mariagiovanna Compare, Gianfranco Colace et Sara Panelli qui ont soumis à la Cour d’appel du tribunal de Turin l’évaluation du jugement de la Cour d’assises de Novare concernant la responsabilité de Stephan Schmidheiny dans les maladies mortelles qui ont frappé de nombreux employés de l’usine de Casale Monferrato usine et de nombreuses personnes qui travaillaient ou vivaient à proximité de l’usine, soit plus de 400 si l’on ajoute à la liste présentée lors du procès Eternit bis qui a débuté en 2023 les autres personnes décédées entre-temps

Confirmant le jugement de la Cour d’assises de Novare, qui l’avait condamné à 12 ans de réclusion, la Cour d’appel du tribunal de Turin a jugé l’entrepreneur coupable des crimes non encore prescrits le 17 avril dernier. Les motifs du verdict fourniront des explications sur les raisons de la fixation de la peine à 9 ans et 6 mois d’emprisonnement et sur le jugement qui, en substance, accueillant la demande de l’accusation, réaffirme que, contrairement à ce qu’avaient demandé les avocats du magnat suisse, la validité des preuves démontrant la responsabilité de Stephan Schmidheiny dans la gestion de l’usine de Casale Monferrato, une filiale de la multinationale qui, de 1976 à 1986, a utilisé des amiante-ciment, ne peut être niée. et donc la validité des preuves démontrant la responsabilité de Stephan Schmidheiny dans la gestion de l’usine de Casale Monferrato, une filiale de la multinationale qui, de 1976 à 1986, a été gérée de manière si rentable que les bénéfices ont permis de réaliser d’importants investissements dans de nombreuses autres activités productives et commerciales lucratives

De même, on ne peut nier que des faits similaires se produisent partout ailleurs dans le monde où les travailleurs et la population subissent les effets mortels de l’amiante.

Comme le montrent les données recueillies par l’ONA, aujourd’hui en Italie, des dizaines de milliers de personnes souffrent des conséquences de la contamination par l’amiante et de la production de ciment-amiante qui profitant des licences accordées à une époque où l’État italien n’avait pas encore adopté les normes qui, ailleurs, auraient obligé la multinationale à prendre des mesures préventives pour protéger la santé des travailleurs et indemniser les victimes de l’exposition à l’amiante, a produit sans interruption pendant 80 ans Plus précisément, à Casale Monferrato, la production de ciment-amiante a commencé en 1907, un an après que les maladies causées par l’inhalation de minuscules particules d’amiante aient été classées par un médecin anglais confirmant leur toxicité, que les syndicalistes signalaient depuis 1989 en observant la propagation de la maladie dans les usines anglaises et canadiennes

Après les enquêtes menées à partir de 1924, lorsque « l’affaire Nellie Kershaw » a mis en évidence le problème, l’asbestose a été reconnue au Royaume-Uni comme une maladie donnant droit à une indemnisation pour les travailleurs et, en 1931, des règles très strictes ont été imposées aux entreprises anglaises afin de prévenir la contamination des personnes travaillant dans la production d’amiante et de matériaux contenant de l’amiante. En revanche, les multinationales ont continué à fabriquer de l’amiante, en particulier Eternit qui produisait du ciment-amiante, sans aucune restriction dans les pays européens soumis aux régimes nazis et fascistes. Aujourd’hui, alors qu’il a été interdit en Europe, les maladies causées par l’amiante font environ 70 000 victimes par an, principalement en Allemagne, en France et surtout en Italie l’industrie de l’amiante prospère dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine où les droits des travailleurs ne sont ni reconnus ni protégés et, comme le prévient l’OMS, l’extraction de l’amiante et la production d’amiante et de ciment-amiante tuent sans relâche.

Maddalena Brunasti
Pressenza Italie, 30 avril 2025,
traduction POUR Press.

D’origine vénitienne, Maddalena Brunasti est née en 1963 à Milan, où elle a vécu jusqu’en 2007. Jusqu’en 2023, elle a habité dans un village rural du Monferrato et réside désormais à Casale Monferrato (AL) et parfois à Garda (VR). Collaboratrice de Radio Popolare, rédactrice de la rubrique RUBRICA GIOVANI et correspondante à Londres pendant un an, elle a réalisé des reportages sur la grève des mineurs anglais de 1984-1985. Diplômée en sciences politiques avec une thèse sur les procédures d’acquisition de la citoyenneté aux États-Unis, elle a enseigné de 1994 à 2002 à la SCUOLA DRISS MOUSSAFIR et a été agente de développement pour des projets visant à favoriser l’insertion professionnelle des immigrés, menés par l’ARCI avec le financement du DG 5 de la Commission européenne. Elle est co-auteure de MILANO, STADERA : IMMIGRAZIONE, LEGGI E NORME SOCIALI (FrancoAngeli, 1998). En 2009, elle a conçu l’exposition-événement PINOCCHIO & I SUOI COMPAGNI D’AVVENTURA (PINOCCHIO ET SES COMPAGNONS D’AVENTURE), jusqu’en 2019, elle a coordonné la conception et assuré la communication de nombreuses initiatives culturelles, de 2019 à 2023, elle a planifié et réalisé le programme d’événements scientifiques et culturels de la « fiera del verde e dell’agricoltura » (salon du vert et de l’agriculture) MONFERRATO GREEN FAM et, depuis début 2024, elle pratique chaque semaine la MEZZORA DI SILENZIO PER LA PACE E LA GIUSTIZIA SOCIALE (Demi-heure de silence pour la paix et la justice sociale).

Source : https://www.pressenza.com/it/2025/04/un-killer-micidiale-lamianto/

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