Nos gouvernants — nationaux et européens — s’acharnent à nous convaincre que pour relancer l’activité il faudrait «travailler plus», assouplir le droit du travail et offrir davantage de flexibilité aux employeurs pour l’embauche, la durée du travail et le licenciement.
Dans cet esprit,
L’Allemagne a adopté une législation ouvrant la voie aux «petits boulots» (qui ont parallèlement engendré quantité de «travailleurs pauvres»);
La Grande-Bretagne a inventé les «Contrats Zéro heure», contrats par lesquels des demandeurs d’emploi se mettent à la disposition d’employeurs qui ne garantissent aucune durée de travail déterminée mais peuvent requérir ces travailleurs qui leur sont «liés par contrat» en fonction de leurs besoins à eux;
La France prépare sa loi sur le travail, «visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs», qui doit assouplir le temps de travail, le régime des heures supplémentaires, les licenciements économiques, etc.;
Et notre gouvernement fédéral (Réforme Peeters) voudrait lui aussi annualiser le temps de travail tout en permettant des durées quotidiennes de 9h, des durées hebdomadaires jusqu’à 45h et la suppression des heures supplémentaires rémunérées avec un sursalaire, etc.
Ces réformes, soutenues par la Commission européenne, sont un non-sens historique. Au cours du siècle dernier, la durée du travail s’est continuellement réduite : de 7 à 5 jours par semaine; de 84 à 38 heures par semaine; de 52 à 48 semaines par an avec les vacances annuelles. La durée totale de la carrière s’est aussi réduite, du fait de l’allongement de la scolarité et de l’accès à la prépension en fin de carrière.
Cette évolution a été rendue possible par l’augmentation de la productivité du travail.
Le temps de travail global continue de se réduire, mais cette fois par l’augmentation des sans-emploi, des exclus du chômage et de l’insertion sociale (CPAS). Egalement par l’explosion du travail à temps partiel, parfois choisi, souvent contraint, et dans ce cas, généralement insuffisant pour assurer un niveau de vie décent à ses titulaires.
Ainsi le fossé se creuse entre, d’une part les travailleurs surchargés dont les taux de burn-out et de maladie professionnelle explosent et, d’autre part les chercheurs d’emploi dont certains, disposant de précieuses qualifications inemployées, risquent la déprime et la perte de confiance en soi.
La remise à l’agenda de la «Réduction Collective du Temps de travail» est une excellente nouvelle, et l’expression d’un bon sens social. C’est aussi la revendication simultanée d’un partage équitable du travail, mais aussi des revenus. Cette revendication est d’autant plus justifiée que les scandales d’injustices se multiplient: cupidité des entreprises transnationales dans l’évasion fiscale avec la coopération des Etats offrant toujours plus d’avantages fiscaux à ces entreprises et associations, comme Vie féminine, Présence et action culturelles ou la Ligue des Familles, se joignent aujourd’hui à cette revendication. Des associations pour attirer des investisseurs (toujours plus intéressés par ces avantages que par les investissements réels). Mais aussi cupidité des super-riches qui, eux aussi, cachent leurs avoirs derrière les paravents des sociétés offshores, comme viennent de le révéler — partiellement, car il n’y a pas que le cabinet Fonseca…— les Panama Papers.
Les organisations syndicales CSC et FGTB revendiquent la réduction collective du temps de travail et de nombreux mouvements citoyens comme Tout Autre Chose et le Collectif Roosevelt sont engagés dans ce combat juste et de bon sens.
Au-delà de l’exigence de justice sociale qui sous-tend cette revendication, il y a aussi la volonté de redistribuer équitablement le temps de travail entre tous, pour permettre à chacun de mieux vivre, de Vivre Autrement, en se consacrant plus librement, grâce à ce temps et ce revenu retrouvés, à des activités familiales, culturelles, sportives, associatives, bénévoles, citoyennes. Bref, à régénérer le vivre-ensemble dans une société plus équitable et plus paisible.
Groupe de travail RCTT du Collectif Roosevelt-Namur
Joseph, Marie-Claire, Marie-Jeanne, Philippe, Robert