« Est-ce que je suis le seul ? Le seul à avoir l’impression d’anticiper du lever au coucher du soleil ? D’avoir un réveil me rappelant de me lever pour remplir les obligations responsables de mon réveil ? »
Laissez-moi dormir
Il est 7h30 du matin, mon réveil sonne, comme tous les jours. Je remarque que mon quotidien devient une sorte de récit anticipatoire, guidé par des possibilités définies, proposé par des gens que je ne connais pas. C’est vrai, ma réalité est définie par des gens que je ne connais pas. Mes pensées, mes habitudes, mes peurs et mes joies.
C’est fou. Il y a Jean-Michel, au gouvernement, qui aurait pu être boulanger ou assureur s’il avait pris une autre direction, qui se retrouve sur ma télé à me dire qu’il faut que je me lave les mains et que, tout compte fait, en Wallonie, il y a des super endroits de vacances. Et là, en me lavant les mains et en disant à ma copine que Durbuy ça avait l’air cool, j’ai comme un goût amer dans la bouche.
Après, il y a Jean Stéphane, qui aurait pu être coiffeur ou vendeur chez Planète Parfum, qui lui est dans ma radio et qui me parle avec un air grave de l’économie et du taux de chômage et gnagnagna et moi, derrière la radio, je me dis « ah oui l’économie, le chômage et gnagnagna, c’est vraiment un problème ». Doucement, mais sûrement, j’incarne ce problème, je le porte, je le deviens.
Et en fait, entre tout ça, je me suis préparé machinalement pour faire des choses que je n’ai pas décidées.