La question est fondamentale pour comprendre la rémunération des producteurs, la part de la distribution et du transport. Dans un contexte de flambée généralisée des prix, regardons de plus près où va notre argent et qui en profite le plus.
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En direct de la ferme : une construction théorique simple, une application à géométrie très variable
Acheter directement à un producteur suppose théoriquement un prix fixé en fonction des coûts de production (temps passé, investissement nécessaire, charges inhérentes à la structure dont cotisations à la MSA pour la sécurité sociale agricole, etc.) et en fonction d’une marge permettant au producteur de vivre de son travail. Théoriquement donc, le prix d’un kilo de tomate devrait se calculer ainsi : coûts liés à la culture (semences, matériels, engrais, etc.) + valorisation du temps de travail passé + marge théorique pour la rentabilité de la ferme, au regard des charges globales. Le résultat obtenu devrait ensuite être divisé par la quantité globale de cette production pour être ramené au kilo.
La plupart des producteurs se basent pourtant plutôt sur les références internationales, nationales ou régionales, pour fixer leurs prix de base. Ainsi, un kilo de tomate coûte, le plus souvent, plus cher qu’un kilo de carottes, alors que ces dernières demandent plus de temps et s’avèrent moins rentable.
En magasin, en circuits courts : ça se complique
Un magasin, même en circuits courts, répercute des coûts liés aux transports, au stockage et aux charges directes et indirectes. Ces coûts s’ajoutent au prix de base du producteur et s’y ajoute aussi la marge pratiquée par les distributeurs. Les labels de commerce équitable permettent de garantir que le prix de vente à ces intermédiaires soit plus juste pour le producteur et ne soit pas imposé par les intermédiaires. Pour les magasins mieux-disants et engagés sur la qualité des produits et la justice sociale de ses salariés, le coût est donc en finalité beaucoup plus important pour les consommateurs. Gardons l’exemple de la tomate. Si le producteur vend son kilo à un prix juste estimé à 4€, le magasin, s’il respecte ses salariés et surtout s’il ne possède pas une grande capacité logistique devra au minium y rajouter 30% à 50%. S’il s’agit d’un magasin de producteurs, le fonctionnement est encore différent, car les coûts directs et indirects concernent les producteurs eux-mêmes. Ils peuvent ainsi ajuster le prix final en fonction du loyer et se relayer sur la vente.
Le plus souvent et même en circuits courts, la marge est plus grande et le prix imposé au producteur bien plus bas. Rappelons également qu’acheter local ne permet pas forcément de bien rémunérer le producteur, ni encore moins de préserver la planète (retrouvez notre article sur le bio ou le local).
Dans la grande distribution : allô la terre ?
Oubliez tout ce qu’on vient de vous dire, car maintenant, vous entrez dans un autre monde, déconnecté du champ, de la planète et du bon sens !
Bien sûr, vous pouvez toujours vous référer aux labels de commerce équitable reconnus pour limiter ce problème.
Foodwatch et le CCFD-Terre Solidaire proposent de signer une pétition pour lutter contre la spéculation sur les denrées alimentaires : à retrouver ici.
Mais le bio, pourquoi c’est plus cher ?
Le bio est souvent plus cher, non seulement car les coûts de production sont plus élevés, mais aussi, car les intermédiaires font plus de marge. En réalité, les produits conventionnels sont payés trois fois : à l’achat, via les conséquences sur notre santé et sous forme d’impôts et de taxes servant à dépolluer les eaux et les sols… selon une étude du Basic[4]. La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation) estime même que les coûts environnementaux cachés annuels de la production alimentaire s’élèvent à 2.100 milliards de dollars pour toute la planète. Les coûts sociaux cachés sont estimés à un montant encore plus important : 2.700 milliards de dollars.
Choisir une alimentation bio, c’est donc participer à faire changer les modes de production, pour diminuer les coûts cachés pour la société et la planète.
Et les consommateurs ?
Pressenza France – Bio Consom’acteurs
[2] Marge de la grande distribution sur le bio – UFC que choisir
[3] Flambée des prix de l’alimentation : les spéculateurs de la faim sont de retour – Food Watch
[4] Pesticides, un modèle qui coûte cher – Le Basic
[5] Où sont passés les milliards de la PAC – Cash investigation