En novembre dernier encore, le gardien des archives nationales algériennes, Abdelmadjid Chikhi, a rappelé dans une interview à la revue de l’armée algérienne
… Pour autant, les autorités algériennes ne reconnaissent pas les harkis comme citoyens français : eux et leurs descendants – ils sont aujourd’hui entre 500 et 800.000 en France, une fourchette qui fait s’interroger… – ne peuvent pénétrer en territoire algérien, même pour se rendre sur les tombes de leurs proches restés en Algérie. Et l’historienne Fatima Besnaci-Lancou
rappelle que des cercueils de harkis décédés, envoyés au pays pour y être inhumés, ont été bloqués puis renvoyés en France par les autorités algériennes. Notons aussi que certaines fonctions, e. a. politiques, restent interdites aux descendants de harkis en Algérie…
Paul Delmotte
Prof. retraité de l’IHECS – 11 octobre 2021
[1] Le Front de libération nationale, devenu ensuite le parti (unique) au pouvoir jusqu’en 1989. L’Armée de libération nationale (ALN) était sa branche armée
[2] Courrier International, 7-13.10.21.
[3] Rachida Al-Azzouzi, Médiapart, 11.12.2020
[4] Auteure de Les Harkis dans la colonisation et ses suites (Éditions de l’Atelier, 2008), en collaboration avec Gilles Manceron ( historien spécialiste de la colonisation, notamment algérienne), F. Besnaci-Lancou a fondé en 2004 l’association Harkis et droits de l’homme – Le 29 septembre 2021, elle était l’invitée, avec G. Manceron, de Médiapart
[5] Dans ses trois « départements » algériens, la France avait institué un système dit « des deux collèges » : une infime minorité d’« indigènes » accédait par décret individuel au statut de « citoyen français » : pour cela, ils devaient renoncer à leur statut personnel de musulmans et pouvaient dès lors voter et être élus à certaines conditions ; la majorité de Algériens n’était par contre que des « Français musulmans » , nationaux », mais mais habilités à ne voter que pour le deuxième Collège. Rappelons que le 1er Collège rassemblait 900 000 Européens d’Algérie et que le second en rassemblait 10 millions… pour élire le même nombre de députés
[6] Comme le montrent plusieurs témoignages rapportés par Lucie Delaporte (Médiapart, 22.3.21)
[7] En 1961, quelque 400 officiers arabes algériens, dont un arrivé au grade de général, servaient dans l’armée française. Certains auraient même été « infiltrés » dans l’ALN en vue de noyauter le maquis et éventuellement servir de relais à l’influence française après la guerre
[8] Ancien appelé en Algérie, H. Pouillot est devenu un militant anticolonial et antiraciste
http://www.henri-pouillot.fr
[9] Médiapart, 11.12.2020
[10] Pour qu’ils s’y adonnent à des travaux de reboisement et d’aménagement des forêts domaniales
[11] E. a. dans des « hameaux stratégiques » tels que les Britanniques l’avait pratiqué en Grèce puis, plus tard, les Américains au Vietnam
[12] Pierre Daum, Ni valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, Actes Sud, 2012, p. 61 (Wikipédia) – Les associations de harkis évoquent 150.000 morts
[13] L’Organisation de l’armée secrète : organisation armée clandestine, créée en janvier 1961 dans le but de maintenir l’Algérie sous tutelle française, l’OAS se livra à des assassinats, tant en France qu’en Algérie, et à des attentats à la bombe qui firent quelque 2000 tués, avec pour point d’orgue la campagne de dépôts de bombes de mars 1962, après les accord d’Évian. Le général de Gaulle échappa à une tentative d’assassinat de l’OAS (Petit-Clamart) le 22 août de la même année
[14] Alistair Horne, A Savage War of Peace,1978, (Wikipédia)
[15] Terme par lequel l’on désignait les Européens d’Algérie, en grande majorité Français qui tous accédaient sans difficultés à la nationalité française
[16] Lucie Delaporte, Médiapart, 22.3.21.
[17] Notons qu’ à l’autre bout de l’échiquier politique français, le président de la région du Languedoc-Roussillon, le « socialiste » Georges Frêche, avait généré en 2006 un tollé à Montpellier en déclarant à des harkis qu’ils étaient des « sous-hommes », déclaration qui allait lui valoir son expulsion du PS…
[18] Courrier international, 7-13.10.21.
[19] En 2017, dans une interview à une TV algérienne, le candidat Macron avait déclaré – tout en vantant les acquis de la présence française en Algérie – que le colonialisme pouvait être considéré comme un crime contre l’Humanité, bien que dans cette même interview il vantait les apports de la présence française dans ses colonies
[20] Restitution, après un siècle et demi, de crânes de résistants algériens à la conquête française (5 juillet 2020), reconnaissance officielle de la pratique de la torture par la France (13 septembre 2018), Rapport Stora (20 janvier 2021)…
[21] Directeur du Centre d’études et de recherches sur le Monde arabe et méditerranéen (CERMAM), interviewé par le journal libanais
- [22] Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie(1995) – Wikipédia
[23] Dont les effectifs n’auraient jamais dépassé les 50 000 hommes, dont 32 000 dans l’Armée des frontières (Tunisie et Maroc). Face à 210 000 combattants musulmans de l’armée française (réguliers et supplétifs). De même, selon des chiffres de l’armée américaine, les harkis étaient au nombre de 210.000 en 1961 alors que les effectifs totaux du FLN s’élevaient à 50.000 hommes (Wikipédia) –
[24] Selon l’historien Dominique Lormier. Interview à La Montagne, 28.9.17. Lornier distingue ces « collabos actifs » des « sympathisants » de l’Allemagne dont il évalue le nombre à au moins 300.000 personnes…
[25] Le Monde, 3-4.10.21
[26] « Spécialiste des questions identitaires et mémorielles postcoloniales » (Le Monde, 1.10.21.), auteure de Hériter 1962. Harkis et immigrés algériens à l’épreuve des appartenances nationales, Presses universitaires de Paris, 2016
[27] C’est ainsi que l’on appelait le fait de précipiter en mer les détenus ligotés au départ d’hélicoptères. La junte argentine n’a rien inventé… Marcel Bigeard (1916-2010), nommé en 1976 (!) lieutenant-général, avait participé à la Résistance et à la guerre d’Indochine, où il fut commandant en second à Dien-Bien-Phu. La guerre d’Algérie l’a fait considérer comme l’un des maîtres de la guerre « non-conventionnelle »