Projets de dessalement en Tunisie : de l’eau douce mais à quel prix ?

Eau au Maghreb – 3/3

Introduction : Une nation en quête d’eau

Face à une crise hydrique sans précédent, la Tunisie est confrontée à une pression grandissante pour trouver des solutions durables. La consommation annuelle d’eau par habitant y a chuté à des niveaux alarmants. Parmi les initiatives les plus audacieuses, le pays mise sur la construction d’usines de dessalement, transformant l’eau de mer en une ressource potable précieuse. Cependant, si ces infrastructures promettent un répit essentiel pour les régions touchées par le manque d’eau, elles soulèvent également des défis majeurs : un investissement financier conséquent, des impacts environnementaux et des répercussions sociales.

Faten, femme au foyer de 50 ans vivant dans la région de Ghizen, partage son expérience sur l’impact de l’usine de dessalement. « Elle a permis d’augmenter la pression de l’eau et de réduire les coupures pendant l’été », confie-t-elle. Malgré ces avancées, Faten continue de s’appuyer sur sa fasqiya traditionnelle – une citerne d’eau de pluie – pour son eau potable, n’utilisant l’eau du robinet que pour la cuisine.

À Djerba, les fasqiya, véritables trésors d’ingéniosité locale, assurent l’approvisionnement en eau durant les étés arides de l’île depuis des siècles. Héritières des techniques romaines de gestion de l’eau, ces citernes recueillent l’eau de pluie des toits et des cours blanchis à la chaux vive, avant de la stocker dans de vastes réservoirs souterrains. Ces structures jouent un rôle crucial en période de sécheresse, offrant une source d’eau fiable et résiliente face aux pénuries.

Ainsi, pour Faten, le dessalement n’a pas remplacé la fasqiya mais intervient en complément de l’approche traditionnelle.

 

Technologies de dessalement : Une solution miracle pour l’eau ou un pari risqué ?

Pour revitaliser ses ressources hydriques, la Tunisie s’est concentrée sur les projets de dessalement, qui sont sérieusement affectés par les défis liés à l’eau tels que le changement climatique, l’urbanisation, la mauvaise gestion de l’eau et l’agriculture gourmande en eau.

Ces facteurs ont plongé le pays dans un stress hydrique sévère , la consommation annuelle moyenne d’eau par habitant atteignant 460 mètres cubes, bien en dessous du seuil mondial de pauvreté en eau qui est de 1 000 mètres cubes, alors que 70% de la population environ vit au bord de la Méditerranée mais doit faire face à la diminution des réserves d’eau douce.