Lettre ouverte au premier Ministre, Monsieur Charles Michel de deux journalistes belges, Anouk Van Gestel et Myriam Berghe, inculpées d’association criminelle et de trafic d’êtres humains. Elles risquent la prison en raison des aides qu’elles ont apportées à des migrants en transit.
Dans quelques jours débutera notre procès. Le fait d’écrire ce simple mot renvoie à ce que nous avons vécu de pire dans notre vie : 11 mois de procédure, d’humiliation, d’attente, de désespoir, d’espoir et, finalement, de colère. Est-il acceptable que, dans un pays qui se dit être une démocratie, deux citoyennes se retrouvent inculpées d’association criminelle et de trafic d’êtres humains avec la circonstance aggravante qu’il s’agit de mineurs, parce qu’elles ont ouvert leur porte à des personnes en état de détresse absolue ? On nous reproche un délit de solidarité. Faut-il vous rappeler que le délit de solidarité n’existe pas juridiquement en Belgique. Tant qu’il n’y a pas de contrepartie directe ou indirecte, il n’y a pas de possibilité d’incriminer. Nous sommes couvertes, en principe, par l’immunité humanitaire. Seulement, vous n’êtes pas sans le savoir, les agissements du Secrétaire d’Etat à la migration poussent la justice à poursuivre les personnes aidantes. L’objectif : décourager les potentiels hébergeurs et geler tout élan de solidarité. Un procès politique, alors ? Oui, pour aller chercher les voix de l’extrême droite. Miser sur la peur, incriminer les migrants pour justifier les manquements de votre gouvernement et fermer les yeux sur une crise migratoire qui devrait trouver d’autres solutions que des frontières qui se ferment et des enfants qu’on enferme. La solidarité ne peut devenir un crime, au risque de renier notre et votre humanité.
La Belgique solidaire et accueillante existe, nous voulons aussi la voir représentée par son gouvernement.
Myriam Berghe et Anouk Van Gestel