J’ai, dans ma précédente chronique, montré pourquoi, il est connu depuis fort longtemps (temps d’Aristote déjà) que la monnaie et son corollaire, « l’illusion de la possibilité d’accumuler à l’infini », sont à l’origine de ce que le philosophe a dénommé chrématistique : la pratique de l’usure (l’intérêt), de la spéculation stérile et de l’accumulation de l’argent pour l’argent. Aristote n’avait pas de mots assez durs pour en parler. Qualifiant cette pratique de tôkos (mot signifiant bâtard), il soutenait que l’argent ne pouvait générer de l’argent, sinon par la folie humaine, et que ce faisant, le résultat ne peut être que destruction, puisqu’il est impensable de concevoir « l’infini dans le fini ». Ses adeptes, disait-il, sont les ennemis de la communauté humaine et du bien-être général, et devraient être combattus et bannis sans relâche (de nos jours on les adule !). Comme annoncé précédemment, je voudrais, pour continuer, montrer à l’aide d’arguments plus modernes et plus scientifiques pourquoi et comment Aristote avait bien raison et à quel point l’affaire est gravissime. Pour la présente contribution, j’expose une explication principalement « économique-financière » (plus tard j’aborderai cela sous un angle plus complet et plus complexe : l’angle de la transformation et de la thermodynamique).
Comprendre la finance, la Bourse et leur fonctionnement
Pour commencer, il convient de bien savoir et se souvenir que toute « production de l’argent par l’argent » (donc toutes activités de finances) est « production abstraite de valeur abstraite ». Que ce soit l’intérêt, l’amortissement (qui est, on le verra prochainement, une « non-mesure » comptable-économique dévastatrice), la spéculation, le gain en capital, la valeur ajoutée d’actions, les hausses boursières… : tout cela ne sont que pures virtualités. Pures et simples manigances de « parieurs » de tous acabits. C’est ce qu’on appelle « l’économie-casino », dont le temple reste la sacro-sainte Bourse, machine à « création infinie » de numéraire et de dites « richesses ». Il faut savoir, une bonne fois pour toutes, que nul ne « place » rien en Bourse ! Il spécule, ou parie, ou joue comme au casino. Point ! Parler de « placer » 100$ en Bourse, en espérant les transformer en 1.000$ un mois plus tard, c’est comme parler de « placer » une baguette dans une boulangerie en espérant venir récupérer 100 baguettes un mois plus tard. Cela n’a évidemment aucun sens ! Pourtant c’est le fonctionnement de la bourse ! Ce sont des cascades de paris sur des paris. Notamment bien entendu le sempiternel pari sur la hausse continue (en moyenne) des valeurs des actions.
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