Mendax – JULIAN ASSANGE

JULIAN ASSANGE, UNE VIE
Épisode 2

 

Julian « disparait, se dissout dans quelque chose de plus large au service duquel il se met et c’était là, la meilleure chose qu’il avait à faire ».
Julian est un tout jeune adolescent quand il reçoit son premier ordinateur, un commodore 64 avec modem. Pour le lui offrir, sa mère n’a pas hésité à déménager dans un plus petit appartement au loyer moins cher afin de dégager la somme de 700$ qui était alors conséquente. A l’époque, les logiciels n’existant pas encore, quand on recevait un ordinateur, il était complètement vide. Julian apprend à coder et pénètre dans le système de pensée informatique. Pour lui, il s’agit là d’« une nouvelle façon d’être dans le monde, d’une nouvelle façon d’être dans sa propre peau ». Julian « disparait, se dissout dans quelque chose de plus large au service duquel il se met et c’était là, la meilleure chose qu’il avait à faire ».

Son ordinateur est aussi un moyen qui lui permet d’entrer en contact avec d’autres jeunes qui comme lui, sont curieux de découvrir les vastes horizons auxquels les codes leur donnent accès. Une communauté de geeks se constitue à Melbourne et à travers le monde. Ils sont interconnectés et ne se côtoient que très rarement dans le réel. Ils ne se connaissent que par leurs pseudos : Phoenix, Electron, Prime Suspect, Anthrax… Celui de Julian est Mendax (tiré de l’œuvre d’Horace, “nobly untruthful“, ou “delightfully deceptive”).

À l’époque, le hacking n’était pas clairement illégal, un grand vide juridique régnait.
Ces jeunes ont en commun la curiosité, l’insubordination, et une éthique : s’ils aiment s’immiscer dans les zones interdites du net (encore embryonnaire à l’époque), ils prennent soin de ne causer aucun dégât sur ces sites. Pour eux, le hacking est avant tout l’art de trouver des solutions intelligentes à des problèmes informatiques compliqués. Ils aiment relever des défis et parvenir à pénétrer dans les sites interdits. Une des joies du hack est de jouer au chat et à la souris avec les admins des sites qu’ils visitent et qui cherchent à les piéger. Ils aiment observer ces administrateurs et disparaître sans laisser de trace, si ce n’est une backdoor, porte dérobée informatique, qu’ils créent sur les sites afin de pouvoir y retourner quand ils le souhaitent… À l’époque, le hacking n’était pas clairement illégal, un grand vide juridique régnait.

Le quotidien de Julian est désormais partagé entre deux « mondes » : les journées, « dans le conformisme mortel des écoles » et les nuits « dans les cathédrales informatiquesdes sites qu’il visite…

Il se rend compte assez rapidement que ces nouvelles machines peuvent devenir des instruments puissants pour combattre, pour lutter contre l’injustice de manière plus efficace que ne pouvait le faire la génération de ses parents qui manifestait dans les rues. C’est un tournant pour lui. Il dira :

Nous avons appris très tôt comment fonctionne l’engagement à l’ère de l’informatique : (…) j’ai fait partie d’une génération qui a demandé aux machines de nous aider à lutter pour la justice d’une manière qui renverrait les vielles gardes, comme mes parents, qui ne savaient pas comment briser les schémas du pouvoir. Les ordinateurs offrent un espace positif dans un domaine négatif : ils nous ont montré que nous pouvions agir contre l’égoïsme, contre la société, en construisant quelque chose de moins imparfait et de moins corrompu. Un jour, nous savions qu’ils changeraient le monde et ils l’ont fait. 

Julian ira jusqu’à affirmer que son ordinateur est devenu « sa conscience ». Comment comprendre cette affirmation ? La « dissolution de l’égo » du hacker qui s’anonymise par l’intermédiaire de son pseudo permet de laisser la place à une autre forme de conscience. Les hackers anonymisés sont connectés entre eux. Ils forment un « essaim (d’abeilles) » qui élabore un savoir (les informations glanées au cours de leurs hacks) et se crée une identité collective. Celle-ci  n’est plus référée à leur nom, mais à leur éthique et leur action sur Internet.

Voilà. C’était le deuxième épisode de cette série qui raconte la vie de Julian et qui, nous vous le promettons, vous emmènera au cœur du réacteur de notre monde et vous en dévoilera la face cachée… À demain, pour découvrir ce que cette communauté de jeunes hackers australiens était capable de faire et vous verrez, c’est incroyable…

Belgium4Assange

Texte écrit par Delphine Noels,
Avec la collaboration de Marc Molitor, Pascale Vielle et Bogdan Zamfir

Le 4 janvier 2021 sera une date historique : à Londres, la justice britannique rendra son verdict dans le procès d’extradition de Julian Assange. Quels sont les enjeux de ce procès ? En quoi nous concernent-t-ils directement ? Difficile d’avoir les idées claires à ce sujet tant la mésinformation et la désinformation ont été grandes.

A partir du 1er décembre et jusqu’au 4 janvier, Belgium4Assange diffusera quotidiennement un épisode de WANTED, série Facebook qui raconte la vie de Julian Assange en 34 épisodes.

Sources :

Underground, Juliette Dreyfus & Julian Assange, Canongate Books Ltd, 2012
Lien online: https://wikispooks.com/wiki/File:Underground.pdf
The most dangerous man in the world, Andrew Fowler, Skyhorse Publishing, 2011
The unauthorized autobiography, Julian Assange, Canongate Books Ltd, 2011.

Pour en savoir plus:

Hackers, Steven Levy, broché, 2002.

#04Jan21DateHistorique

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