Depuis plusieurs mois, des citoyens de tous âges se mobilisent en Belgique pour la justice climatique. Pour une société qui respecte notre planète et tous ses habitants, surtout les plus vulnérables. Cette vague pour le climat a une force qui pourrait briser certaines pratiques actuelles, d’où la volonté des entreprises de faire barrage, tout en surfant sur la vague.
Le 5 février, l’asbl Mandat Climatique a lancé la campagne « Sign for my future » en Belgique. Mais derrière les beaux discours et les bonnes intentions se cachent de belles agences de publicité et de beaux pollueurs. KBC, par exemple, est une banque qui finance des mines de charbon en République tchèque et qui a investi 111 millions € dans les sociétés minières controversées Glencore, Vale et BHP Billiton en 2017. KBC est-elle vraiment prête à cesser ces investissements dans le charbon et les mines ? Nul besoin de poser la question. La campagne « Sign for my future! » ne fait aucune référence à la fin des investissements dans les énergies fossiles.
Prenons le cas de KPMG, membre de nombreux lobbies à Bruxelles, dont Eurofi et EFAMA. Eurofi organise tous les 6 mois des conférences privées, sur invitation, entre hommes politiques influents et géants du monde financier. En avril dernier, ce petit monde de puissants se réunissait à Sofia pour parler politique, avec certaines tables rondes uniquement constituées d’hommes blancs. Dans le résumé officiel de ces trois jours de réunion, le mot changement climatique n’apparaît qu’une seule fois.
“Sign for my future” regroupe donc des pollueurs et des adeptes de l’entre-soi politique. Difficile de voir dans ces acteurs les forces du changement réclamées dans les rues belges ces derniers mois. De plus, les gilets jaunes en France ont montré qu’une politique climatique injuste peut renverser les plus fragiles. Sans justice sociale, il ne peut y avoir de justice climatique. « Sign for my future » parle de justice sociale dans ses demandes mais… KPMG est l’une des quatre entreprises multinationales à faciliter l’évasion fiscale.
Une des demandes de « Sign for my future » est le soutien au marché du carbone européen[1]. Or, cet instrument permet aux entreprises les plus polluantes de continuer à émettre des gaz à effet de serre sans trop dépenser d’argent, plutôt que de payer des taxes à la pollution qui pourraient être redistribuées. Redistribution, partage. Des mots absents des demandes de « Sign for my future ».
Changement ? Vous avez dit changement ? Ce n’est pas de changement qu’il s’agira lorsque vous signerez « Sign for my future ». Vous participerez à la vague climatique, mais pas celle initiée dans la rue, plutôt celle qui provient des conseils d’administration et des agences de publicité, qui souhaitent surfer sur la vague verte sans changer de cap.
Lora Verheecke
[1] Un marché du carbone (ou système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre), est un outil de politique publique ayant l’espoir de réduire les émissions de gaz à effet de serre (principalement le dioxyde de carbone) dans l’atmosphère, responsables du réchauffement climatique. Il permet aux entreprises de vendre et d’acheter des droits d’émissions de CO2.