Des militants se sont mobilisés pour empêcher la National Conservatism Conference d’avoir lieu à Bruxelles le 16 et le 17 avril. Celle-ci devait regrouper des personnalités d’extrême-droite telles que Viktor Orbán, Eric Zemmour, Nigel Farage ou Tom Vandendriessche.
Carte blanche
Par un collectif de signataires*
Avec des billets d’entrée allant jusqu’à 20.000 euros, la National Conservatism Conference ne cache pas sa volonté de lever des fonds pour des futures campagnes réactionnaires. Mais au-delà de cela, son but est bien d’unifier les forces d’extrême droite européennes dans un contexte inquiétant de poussée à l’échelle européenne. Parmi les personnes annoncées, toutes partagent quelques points communs de base : racisme, islamophobie, antisémitisme, sexisme, lgbtqia+phobies, complotisme ou encore climatoscepticisme.
Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, impose en Hongrie une vision religieuse et ethnique de la société. Il musèle la presse et affaiblit toute forme de contre-pouvoir. Il disait encore récemment : « Nous ne voulons pas être une race mixte (qui se mélangerait) avec des non-Européens ». Dernièrement, le régime hongrois a incarcéré une militante antifasciste italienne, engendrant de larges vagues de protestations.
Nigel Farage, ancien leader du parti d’extrême droite anglais UKIP affirmait lui : « Je n’ai aucune idée de si le réchauffement climatique est causé par les émissions de gaz à effet de serre », tandis qu’un certain Cardinal allemand semble fier d’avoir déclaré : « Bénir les couples homosexuels constitue un acte sacrilège et blasphématoire contre le plan du Créateur ».
Du côté belge, Tom Vandendriessche, député européen du Vlaams Belang compte être de la partie. Il s’est récemment distingué pour avoir partagé la théorie raciste et conspirationniste du « Grand Remplacement » au Parlement européen. En parlant du pacte migratoire européen, il disait que « son véritable objectif est d’attirer encore plus de migrants… Un grand remplacement délibéré et organisé ».
Récemment, Eric Zemmour, candidat d’extrême droite à la présidentielle française de 2022 et ancien chroniqueur médiatique, et Mateusz Morawiecki, ancien premier ministre de Pologne et membre du PiS se sont ajoutés à cette liste. On retrouve également des membres du Rassemblement national (France) et de Vox (Espagne). On retrouve également Hans-Georg Maassen, ancien chef de l’espionnage allemand, suspecté d’activités radicales d’extrême droite par l’Office Fédéral de Protection de la Constitution Allemande et Rod Dreher, écrivain américain considérant que le tireur de Christchurch, qui a tué 51 personnes en 2019 dans une mosquée, avait des « inquiétudes sincères et réelles » au sujet « du déclin de la population des européens « ethniques ».
Un processus effrayant de normalisation…
Pour ces raisons, la tenue de cette conférence devrait nous inquiéter toutes et tous, citoyen·ne·s belges et européen·ne·s. Nous ne sommes plus en face de quelques illuminés prêchant devant une demi-douzaine de nazillons insignifiants, mais bien devant un processus effrayant de normalisation qui utilise tout élément de respectabilité pour gagner du terrain. Viktor Orban, ou Giorgia Meloni à d’autres occasions, profitent de leur statut pour renforcer leurs alliés les plus venimeux partout ailleurs, à commencer par le Vlaams Belang. Leurs actions gouvernementales donnent d’ailleurs un avant-goût de ce dont ils·elles sont capables : suppression du revenu de citoyenneté en Italie, 56 heures/semaine en Hongrie, durcissement de l’accès à l’avortement, loi anti-LGBT ou attaques frontales contre l’enseignement public et contre la société civile.
…et une menace réelle
Les organisations d’extrême droite et leurs idéologies représentent une menace réelle pour nos sociétés en particulier pour les minorités et les personnes vulnérables. Nous partageons toutes et tous la responsabilité de ne pas rester indifférent.es face à ce danger. Leur donner la parole et leur offrir un lieu pour diffuser leurs appels à la haine et à l’autoritarisme ne peut en aucun cas être justifié en brandissant le respect du pluralisme politique ou encore moins de la démocratie. La posture de victimisation de ces organisations est d’autant plus révoltante lorsqu’on sait qu’elles admirent toute politique d’intimidation contre les syndicats, les organisations féministes ou encore les partis d’opposition.
Tous concernés
La mobilisation a déjà payé une première fois : la société Edificio, gestionnaire du Concert Noble où devait avoir lieu la conférence, a annoncé qu’elle n’accueillerait pas celle-ci. Nous nous félicitons de ce premier objectif atteint.
Toutefois, la National Conservatism Conference a déjà prouvé sa capacité à trouver rapidement un autre lieu. En particulier, le MCC Brussels, avant-poste de Viktor Orban à Bruxelles, a fait un intense travail de lobbying pour mettre la pression sur la ville de Bruxelles et retrouver un endroit. Nous nous étonnons que cet institut à la solde de Viktor Orbàn puisse avoir un tel pouvoir et une telle influence à Bruxelles.
Nous demandons donc à toute salle ou institution, belge ou bruxelloise, de refuser l’accueil de cette conférence et aux autorités locales de ne pas l’autoriser. Nous appelons tout.es et tous à se mobiliser demain, mardi, à 17h30 à la place du Luxembourg. Si celle-ci devait être finalement annulée, nous appellerons à un rassemblement festif au même endroit.
L’extrême-droite nous menace, il est temps de se mobiliser pour se défendre.
*Signataires : Coalition Antifasciste de Belgique, Coalition Stand Up contre l’extrême droite; Union Syndicale Étudiante Bruxelles et Louvain-La-Neuve; Stand Up tegen racisme en fascisme; Agir pour la paix; Réseau Ades; Front antifasciste de Liège; Étudiant.e.s de Gauche en Action, Actief Linkse Studenten & Scholieren; Antifascist Action Belgium; Mons Antifa; Collectif Antifasciste Namurois, PAC Mons- Borinage (Présence et Action Culturelles); MRAX Asbl; JOC (jeunes organisés et combatifs); la Mutinerie Montoise; JOC Bruxelles; CGSP ALR Bruxelles – ACOD LRB Brussel; Le Journal de RésistanceS & Les Amis de RésistanceS; Gauche anticapitaliste et FLL; Vie Féminine Bruxelles; MOC Bruxelles; Equipes populaires Luxembourg; Collectif des femmes qui l’ouvrent; Collectif antifasciste Luxembourg; Mouvement Présence et Action Culturelles; Industrial Workers of the World Bruxelles – syndicat démocratique et de luttes; écolo j ; Mouvement des Jeunes Socialistes; Mouvement Demain (Pierre Eyben); À Contre-Courant (Thierry Bingen); Jeunes FGTB; Steunpunt Antifascisme; Ceux de Clabecq; Union Communiste Libertaire Bruxelles; Parti Socialiste de Lutte; 8 Mei Coalitie Brussel – Coalition 8 Mai Bruxelles.