Palestine : un cri étouffé jusque dans le monde associatif et médiatique bruxellois

Communiqué de presse

« Le samedi 2 mars en milieu d’après-midi, 15 personnes (des policiers en uniforme et des fonctionnaires) débarquent au CBO, un centre culturel jettois qui regroupe plusieurs associations dont ZIN TV, un média bruxellois au cœur des luttes sociales. Ils annoncent dès leur arrivée qu’ils sont là pour procéder à une inspection sociale et qu’on ne peut donc pas leur refuser l’accès. Toutes les salles sont visitées, une série d’identités et de documents administratifs consignés. Ils repartent deux heures plus tard en laissant sous-entendre que cette descente était la première d’une longue série.

Nous découvrons par après que cette opération très intrusive et délibérément floue porte le nom de BELFI: Acronyme de Belgian Fighters, une cellule associant la police judiciaire et différents services d’inspection (fiscale, sociale, etc) pour lutter contre les sources de financement du terrorisme.

Lors de cette descente, l’inspecteur principal finit par révéler à demi-mots la véritable raison de cette opération: Le 21 octobre 2023, ZIN TV accueillait au CBO une conférence dans le cadre de ses missions d’éducation permanente. Elle portait sur la criminalisation des voix palestiniennes en Europe. L’événement était organisé par Samidoun, un réseau international de solidarité avec les milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles israéliennes. Dès l’annonce de l’événement, la commune de Jette fut alertée par l’ambassade israélienne du caractère selon elle “problématique” de Samidoun. Une enquête de police fut alors diligentée pour déterminer si cette conférence représentait un danger quelconque. L’enquête conclut qu’il n’y avait pas lieu de l’interdire. La conférence eut lieu et aucun désordre ne se produisit.

ZIN TV travaille depuis des années à amplifier des voix et des expertises marginalisées et peu entendues. Dans le contexte politique et médiatique actuel, offrir d’autres récits que celui proposé par la diplomatie israélienne nous semble essentiel au débat démocratique. Pourtant, les analyses et positions qui s’écartent du récit officiel imposé depuis le 7 octobre, sont souvent criminalisées, accusées de faire l’apologie du terrorisme ou de l’antisémitisme. Si nous ne sommes pas surpris des mécanismes de propagande qui sont déployés pour rendre inaudibles les voix qui questionnent le récit colonial israélien, nous sommes inquiets des pressions exercées par certaines institutions d’État sur le secteur associatif et médiatique.

Est-il acceptable qu’une activité portant sur la résistance palestinienne autorise une brigade comme BELFI à s’introduire sans aucun motif ou justification dans un lieu culturel? Comment une telle opération peut être diligentée sans en connaître le ou les commanditaires?

Nous tenons par ailleurs à rappeler que ZIN TV est un média d’information. A ce titre, trois membres de l’équipe de ZIN TV possèdent une carte de presse. Ce qui fait des locaux de ZIN TV une rédaction journalistique, soumise à la protection des sources. Un espace qui ne peut être visité par la police sans précautions préalables.

Enfin, nous nous interrogeons sur la capacité d’ingérence de l’État d’Israël dans les affaires internes de l’État Belge. Car la criminalisation du réseau Samidoun a bien été initiée par la diplomatie israélienne et est actuellement reprise en masse par l’extrême-droite en Belgique.

Par cette lettre, nous voulons rendre publique cette situation, questionner ce type d’intervention mais aussi lancer un appel à toutes autres associations ou médias qui auraient également subis des tentatives d’intimidation similaires. En dépit des pressions multiples et de l’autocensure qui se généralise, nous restons persuadé.e.s que face à ce génocide en cours, il est important de nous unir et de continuer à prendre position pour faire exister et entendre d’autres voix. »

L’équipe de ZIN TV

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