Les Dialogues en humanité à Bruxelles

Cela a commencé il y a 15 ans à Lyon. Des militants altermondialistes et des responsables lyonnais ont tenté une aventure originale : transformer le parc de la Tête d’Or en un lieu d’échanges selon des modalités originales. Ainsi donc les pelouses furent le support des rencontres et les arbres, tels leurs grands frères africains sous lesquels se tiennent les traditionnelles palabres, abritèrent ou ombragèrent un événement citoyen qui en est maintenant à sa 16ème édition, qui se tiendra ces 6, 7 et 8 juillet 2018, avec comme thème « Il est trop tard pour être pessimiste. La Résistance aujourd’hui, c’est être optimiste ».

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Depuis lors cette initiative s’est disséminée de par le monde et se sont près de 60 villes (notamment Dakar, Bangalore, Salvador de Bahia, Rio, Seattle, Boston, Montréal, Rabat, Addis Abeba, Oran, Berlin, Grenoble, Strasbourg, Paris) qui ont accueilli et continuent à accueillir des rencontres créant ainsi un réseau international dans lequel s’échangent les expériences locales et se construit un projet commun donnant sens au mot « humanité » qui n’est plus seulement une addition d’individus humains séparés ou en conflit mais une évolution collective vers l’humanisation de l’homme.

Les Dialogues au parc Josaphat à Schaerbeek

En 2018, c’est à Bruxelles que vont débarquer les Dialogues en humanité. Le processus a démarré il y plus d’un an : plusieurs Belges qui avaient fréquenté les journées lyonnaises ont souhaité organiser un événement de ce type à Bruxelles. En particulier, les Compagnons de la Transition, une asbl de Watermael-Boitsfort, emmenée par sa dynamique animatrice Fabienne Minsart, ont initié une coalition d’associations et d’individus qui ont préparé l’événement qui aura lieu les 30 juin et 1er juillet 2018.

Tout a commencé dès le printemps 2017 quand le théâtre Varia a accueilli ceux qui allaient élaborer collectivement un projet qui, au fil du temps, est devenu de plus en plus ambitieux. Soutenus par les porteurs français des Dialogues, comme Patrick Viveret, Geneviève Ancel ou Yvan Maltcheff, la version bruxelloise s’est progressivement étoffée.

Lors de l’automne 2017, 6 journées de débats centrés sur l’exposé par Riccardo Petrella des thèses de son livre Au nom de l’humanité ont eu lieu à la maison des Culture des Molenbeek. Ce fut l’occasion de coaliser autour de ce projet commun des personnes actives au sein d’organisations, petites au grosses telles que Les Compagnons de la Transition, Financité, La Concertation asbl – action culturelle bruxelloise, Rencontre des Continents, Associations 21, La Maison du Développement durable, le mouvement politique des Objecteurs de Croissance, Citoyens pour le climat, le magazine Imagine ScriptaLinea, le BRAL, Présence et Action Culturelles… Cette longue liste montre la diversité des acteurs qui se sont rencontrés, ont appris à se connaître et à agir ensemble alors qu’ils sont actifs dans des secteurs si différents qu’ils n’ont guère l’occasion de découvrir qu’ils ont des intérêts convergents, ne fut-ce que dans la critique de la pensée néolibérale de plus en plus dominatrice et de plus en plus éloignée des idéaux de l’humanisme.

Un vaste programme

Nous n’aurons pas la place de lister ici la multiplicité des activités qui se sont peu à peu ajoutée au programme des deux journées de début d’été. Tout est détaillé sur le site des Dialogues mais sachez qu’il y aura près de 40 ateliers divers allant des activités « nature », sociales, du sensible, urbaines…, des spectacles divers se déroulant le soir, de quoi se restaurer…

Plus « politiques » sont les 6 agoras qui ont émergé démocratiquement : à la fin du cycle des 6 conférences de Riccardo Pétrella, un forum ouvert a permis à la petite centaine de personnes ayant participé au cycle de proposer des sujets qui leur tenaient à cœur et qui s’inscrivaient dans le projet de trouver des réponses  aux « défis auxquels l’humanité est confrontée dans un monde ayant radicalement besoin de nouveaux horizons ».  De la douzaine de sujets proposés ont émergé 3 fils rouges :

  • Nous habitons tous et toutes la même Terre, avec les agoras “Urgence climatique, mobilisation générale!” et “Pour des politiques migratoires justes et humaines“;
  • Quand le “je” devient “nous” avec les agoras “L’urgence d’une démocratie plus vivante” et “L’entraide plutôt que la compétition?“;
  • Pour une société égalitaire, solidaire et durable avec les agoras « La justice a besoin d’aide ! » et « La santé, mode d’emploi »

Parmi les 40 ateliers, il en est un particulier : celui qui interrogera chacun sur ce qu’il croit nécessaire comme évolution de notre monde, de l’ensemble de l’humanité, pour éviter les catastrophes qui se profilent. C’est la suite des 6 journées d’échanges autour du livre de Riccardo Petrella Au nom de l’humanité. En effet, au-delà de faire le buzz sur le site de POUR-press, Petrella anime, avec des intellectuels des 5 continents, un projet d’éveil des consciences qui s’appelle  « L’audace au nom de l’humanité ». Avec Patrick Viveret, il verra avec tous ceux qui se sentent concernés par notre avenir commun, comment accélérer la nécessaire mobilisation des citoyens pour éviter l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle minée par la logique mortifère du profit capitaliste.

Avec un tel programme, pas étonnant que les organisateurs peuvent déjà compter sur la présence d’un grand nombre de personnalités internationales et belges qui sont à la pointe des combats pour un monde meilleur. Mais l’important n’est-il pas qu’à l’occasion d’un tel événement populaire, on puisse rallier un grand nombre de simples citoyens dont l’indifférence autorise les dérives toujours plus effrayantes auxquelles on assiste ces derniers temps ?

Alain Adriaens