Les bécanes s’envolent au printemps

Mars soulève les vestiges de l’hiver en bourrasques tigrées de soleil. Le vélo suit le halage le long de la rivière où un héron au décollage s’appuie sur la rafale pour filer dans le bleu. Les vélos montrent le guidon, les guiboles s’échauffent, la route est là. Franchir la frontière ne demande qu’un coup de pédale de plus. Le halage n’a rien en commun avec l’autoroute. Le héron n’a pas besoin de papiers. Le cycliste, lui, doit se munir d’une déclaration sur l’honneur pour suivre le courant de Belgique en France, sauf s’il est transfrontalier, ou va travailler, ou prendre soin de proches. Il y a des jours où on aimerait avoir des ailes.

Les mécanos de vélos attendent comme les colombophiles que les machines espérées par les cyclistes au beau temps revenu sortent de production et leur tombent du ciel. Les usines et ateliers ne suivent plus la demande. Surchauffe. Tout le monde veut rouler à vélo. Au moins on est en plein air et se faufiler dans les recoins des villes et des campagnes est un jeu d’enfant. On se sent un peu comme le môme sortant son vélo pour la première fois après l’hiver. Il faut graisser la chaîne et le dérailleur, lustrer la peinture et vérifier les freins et les pneus. Beaucoup de cyclistes, ceux des villes et les fanas du VTT auront roulé malgré la mauvaise saison, chapeau.