Lundi 30 septembre 2019, 8h30, quartier de la porte de Namur. Autour d’une table garnie de papiers, d’ordinateurs portables, de quelques croissants et tasses de café, une dizaine jeunes mettent la dernière main aux préparatifs d’une petite action symbolique qu’ils vont mener au nom d’Extinction Rebellion[1]. Le but est d’aller frapper à la porte de la demeure du souverain, place des Palais, pour lui remettre une lettre qui lui annonce une action de grande envergure qui se déroulera le 12 octobre prochain, dans ses jardins.
L’action consiste à pénétrer dans les jardins du roi et de manière non violente, imposer leur présence pour solliciter la réception de leur requête. Evidemment, la gendarmerie qui garde le palais est accourue quelques secondes après que nos cinq téméraires eurent sauté au-dessus des balustrades royales. Puis, rapidement, ce furent les policiers en civil et enfin, quatre véhicules de police sont venus effectuer la protection royale. Les forces de l’ordre n’eurent pas de comportement violent. La seule tension qui régnait était toujours sur la sempiternelle question “Peut-on ou pas photographier et filmer des policiers en action[2]?”
Ainsi donc, fidèles à leur stratégie de désobéissance non violente, les militants d’Extinction Rebellion continuent à faire entendre le message…
…« Pas de zone neutre sur une planète morte »
La suite de cette action de XR (leur acronyme) est la suivante : « Tous les habitants de Belgique sont invités à se munir d’une chaise pour venir occuper de manière pacifique le Palais Royal de Bruxelles en siégeant au sein d’assemblées populaires thématiques qui seront organisées le samedi 12 octobre dans le jardin à la française situé à l’entrée du Palais Royal de Bruxelles (6 Place des Palais, entre les grilles donnant sur la place et le palais lui-même). Cette action est la première d’une série d’actions de désobéissance civile non-violente de grande envergure qui seront menées à Bruxelles par Extinction Rebellion d’ici au printemps 2020, suivant l’exemple des actions menées en avril 2019 à Londres. ».
Les activistes savent que ces jardinets se trouvent à l’intérieur de l’enceinte du palais, dans la zone dite « neutre » où toute manifestation est interdite. Participer à ces assemblées populaires est « un double acte politique important. D’une part, il s’agit d’un acte de désobéissance civile assumé qui s’adresse directement au Roi pour dénoncer l’incapacité des différents pouvoirs politiques en Belgique à affronter l’urgence climatique et écologique, et d’autre part, d’un acte de responsabilité civique par lequel des citoyens entreprennent sans attendre de palier aux manquements de leurs gouvernements et préfigurent d’une alternative politique qui permettra de s’attaquer véritablement à la crise sans pour autant renier nos valeurs démocratiques et humaines. »
Les modalités concrètes des débats prévus le 12 octobre seront détaillées et, si vous aussi, vous pensez que « désobéir est un devoir citoyen », acceptez l’invitation de XR : « Toute personne voulant agir concrètement pour dévier notre pays de la trajectoire suicidaire dans laquelle nous sommes engagés, est invitée à remplir le formulaire d’inscription et à se rendre le samedi 12 octobre devant le Palais Royal de Bruxelles en y amenant sa propre chaise (l’horaire exact sera communiqué en temps voulu). »
Les demandes de XR au Roi
Si les militants d’Extinction Rebellion demandent au Roi de sortir de sa réserve constitutionnelle c’est parce que, selon eux, il est urgent de « reconnaître publiquement la gravité réelle de la situation et déclarer symboliquement l’état d’urgence climatique et écologique en Belgique. Par ce geste fort et exemplaire, Le Roi contribuera à ouvrir la voie pour la mise en place d’un plan d’action climatique, écologique et social qui soit véritablement à la hauteur de l’urgence en cours. Extinction Rebellion vise à une mobilisation de masse de la population afin d’exiger de nos gouvernements:
- qu’ils reconnaissent officiellement la gravité de la situation et en informent toute la population;
- qu’ils déclarent un état d’urgence climatique et écologique en Belgique, lequel reconnaîtrait la nécessité de la mise en place d’un plan d’urgence national nous permettant de ramener au plus vite nos modes de vie en-deçà des limites de capacité de la Terre;
- qu’ils permettent la mise en place et reconnaissent l’autorité d’assemblées citoyennes tirées au sort pour définir le contenu de ce plan d’urgence et en déterminer les modalités d’application. »
Les photos et vidéos faites ce lundi matin (malgré les protestations injustifiées des policiers) ont fait leur office et de nombreux confrères[3] les ont relayées pour illustrer le sujet… Alors, peut-être y aura-t-il du monde place des Palais ce samedi 12 octobre…
Alain Adriaens
[1] Depuis son lancement en janvier 2019, Extinction Rebellion Belgique compte de nombreux membres répartis en une dizaine de groupes locaux établis autant dans les villes du sud que du nord du pays. Au niveau international, Extinction Rebellion déclare compter plus de 350 groupes actifs dans 60 pays.
[2] Et pourtant, contrairement à ce qu’affirment beaucoup de policiers, la seule chose qui n’est pas permis est de publier ces images sans flouter leurs visages : détails sur http://www.liguedh.be/la-justice-reaffirme-lexistence-dun-droit-de-filmer-la-police/ ou sur http://www.liguedh.be/campagne-quels-droits-face-a-la-police/?fbclid=IwAR3ZNrNKcZHnXTjmpNPEqKMRB_lbDzNF_N9ow7-8yhB740ecrGoslEdTZdg
[3] La demande d’XR était claire : « Appel aux médias: vous avez un rôle essentiel à jouer dans le combat que nous devons tous mener contre la catastrophe écologique et climatique. Vous avez le pouvoir de transmettre à l’opinion publique le sens de l’ampleur réelle de l’urgence en cours. Cette urgence requiert une mobilisation générale, au-delà des clivages politiques et idéologiques. Merci de lui donner la priorité qu’elle nécessite et de bien vouloir diffuser cet appel le plus largement possible ! »