Entre 1550 et 1850, de 4 à 5 millions d’Africains[1] furent emmenés comme esclaves au Brésil. C’est-à-dire 40% du volume total de la traite transatlantique[2], qui fit de de Rio-de-Janeiro une ville dont 38% de la population était composée d’esclaves. 75% d’entre eux étaient nés en Afrique[3]
Selon Anaïs Fléchet, c’est surtout dans le premier tiers du XVIIIe siècle, que les révoltes d’esclaves se multiplièrent du fait de l’accélération de la traite et des troubles politiques que connurent alors le Portugal et le Brésil[4] (voir encadré). Notons ici la Nuit du Destin (Leïlat-al-Qadr)[5] des Malé en 1835. La fin de la traite, en 1850, mit fin aux grands soulèvements, mais n’empêcha pas des révoltes mineures parmi les crioullos, captifs nés au Brésil et qui ne revendiquaient pas tant leur liberté qu’une amélioration de leurs conditions de vie. Ce qui se fit progressivement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle : interdiction de séparer les familles (1869), droit à un pécule et au rachat de la liberté (1871), interdiction du fouet (1886)[6]…
POUR lance un “Dossier décolonisation” au sein duquel nous analyserons, durant plusieurs mois, le fonctionnement de nos sociétés occidentales sous le prisme décolonial. Chaque mercredi, nous vous proposerons un nouvel article ou vidéo qui participera à approfondir ce sujet plus que jamais d’actualité. |
[1] Au Brésil, les esclaves étaient principalement originaires des pays riverains du golfe de Guinée (les actuels Cameroun, Côte d’Ivoire, Nigéria, Ghana), de langue haoussa, du Bénin comme les Nagos et les Jejes, de langue fon et très nombreux à Bahia, ou encore du Congo et d’Angola.
[2] Anaïs Fléchet, Zumbi, une légende brésilienne, in L’Histoire, n°415, septembre 2015.
[3] Anaïs Fléchet,, art. cit.
[4] Révolte des esclaves haoussas à Bahia (1807), de Carrancas (1833), révolte des Malé (1835), révolte de 300 esclaves menés par Manuel Congo (!) dans une plantation de Vassouras (province de Rio).
[5] L’une des nuits de la fin du mois du Ramadan.
[6] Anaïs Fléchet,, art. cit.
[7] Cette subdivision administrative coloniale englobait les États actuels de Pernambouc, Paraiba, Rio grande do Norte, Cearà, Alagoas et l’ouest de l’État de Bahia.
[8] Chiffre également ramené à 3.000 km2 par A. Fléchet.
[9] Anaïs Fléchet,, art. cit.
[10] E. Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, Terre Humaine/Poche, 1971, p.118.
[11] Anaïs Fléchet,, art. cit.
[12] Dont la suppression de tous les ordres religieux, la confiscation et la vente de leurs biens pour renflouer les caisses de l’État.
[13] Les chartistes étaient favorables à une autorité royale forte et représentaient le grand commerce et les propriétaires fonciers enrichis par la vente des biens du clergé et nationaux. Les septembristes, plus proches des milieux industriels, des artisans et petits commerçants, en force à Porto, étaient favorables au protectionnisme.