Le parcours de Clotilde et Louis

À partir d’un récit documentaire, Marie-Anne Quiriny, l’autrice de Clotilde et Louis raconte comment, pas après pas, des personnes se sont investies pour arriver à offrir aux enfants sourds un apprentissage et un lieu pour grandir comme les autres enfants.

Parcourir 40 km, cela ne fait pas peur à Clotilde Charloteaux, jeune institutrice à l’école Poupelin, pour aller chercher et scolariser un enfant sourd dans une maison pauvre en Ardenne. Est-il vraiment sourd ce petit ou son mutisme vient-t-il d’une débilité ? On est en 1819. Les enfants sourds sont laissés à l’abandon, ou utilisés pour quelques menus services en échange d’un bout de pain !

Le roman de Marie-Anne Quiriny commence par une longue marche solitaire et aventureuse par monts et par vaux qui, partant du centre de Liège, arrive à Stoumont. Les paysages défilent dans la songerie pensive qui accompagne les pas de la jeune femme et lui rappellent des souvenirs d’enfance. Le parler liégeois revient dans quelques savoureuses répliques attachées aux événements de sa vie et de celle de ses ancêtres.

Enfin, Clotilde arrive dans le petit logis sombre où le jeune Louis, blotti sous la table, est nourri dans une écuelle. Reste à obtenir d’emmener l’enfant sauvage et de revenir à Liège. Nous voyons ensuite comment il s’éveille avec la langue des signes et se développe tout au long de son apprentissage.

Le projet de l’autrice dépasse largement un simple récit. Professeur de français et d’Histoire à l’IRHOV (Institut Royal des Handicapés de l’Ouïe et de la Vue) pendant plus de 30 ans, elle nous livre avec cœur un témoignage historique sur la naissance de cette école communale spécialisée.

Ce roman lu avec intérêt et plaisir dans une écriture fluide, retrace l’extraordinaire adaptation de la langue des signes et du code Braille qui ont permis aux personnes sourdes et aveugles de communiquer, de lire et d’écrire.

Godelieve Ugeux


 

Clotilde et Louis

Marie-Anne Quiriny

Editions Dricot, 2021

126 pages, 14,50 euros