Lettre ouverte aux journalistes belges qui restent silencieux face au sort de leur confrère Julian Assange

Les “leaks” marquent une étape essentielle dans le travail journalistique et le fonctionnement de la démocratie.
Madame, Monsieur,

C’est à juste titre que la presse de notre pays a salué le journalisme d’investigation et le travail des lanceurs d’alerte, qui ont permis, entre autres les révélations des « Offshore Leaks » (2013), des “Panama Papers” (2016) ou, récemment, des “Pandora Papers”. Selon Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du “Soir”, les “leaks” marquent une étape essentielle dans le travail journalistique et le fonctionnement de la démocratie.

Quand il s’agit des intérêts d’un État ou d’un gouvernement, on constate la mise en œuvre de mesures arbitraires et de tentatives de briser le secret professionnel
Il faut néanmoins constater que quand des intérêts financiers sont en cause, des procédures judiciaires sont mises en œuvre à l’encontre de journalistes et que ceux-ci ne bénéficient pas toujours du soutien de leurs confrères et consœurs. Et quand il s’agit des intérêts d’un État ou d’un gouvernement, on constate la mise en œuvre de mesures arbitraires et de tentatives de briser le secret professionnel qui est pourtant un élément essentiel du statut des journalistes. Ainsi, en Europe d’inquiétantes législations dites “anti fake news” ont été adoptées ou mises à l’étude, notamment en France. En Belgique un projet de loi a été déposé par Didier Reynders en 2019, à l’époque ministre de Affaires étrangères et de la Défense.

Le comité Free Assange Belgium se mobilise depuis près de trois ans pour défendre le fondateur de WikiLeaks et les lanceurs d’alerte comme Chelsea Manning grâce à laquelle le monde a eu accès à des preuves irréfutables de crimes de guerre commis par l’armée des États-Unis en Irak et en Afghanistan ou comme Edward Snowden qui révéla les techniques massives d’espionnage organisées par les services secrets des Etats-Unis, à l’encontre de pays amis, mais aussi de l’ensemble de leurs citoyens. Les gouvernements des Etats-Unis ont considéré que ces révélations mettaient en cause leurs intérêts fondamentaux et ceux de leur armée en particulier.

Alors qu’en 2010 certains journaux de référence  (The Gardian, Le Monde, The New York Times…) avaient rendu publics certains documents officiels obtenus par l’intermédiaire de l’équipe de WikiLeaks, leurs directions et rédactions ne manifestent aucune solidarité ni avec les lanceurs d’alerte, ni avec WikiLeaks, ni avec son fondateur, Julian Assange, lorsqu’ils sont victimes de poursuites faisant fi de la liberté de la presse et du secret des sources.

Il en est de même en Belgique : rares sont les rédactions et les journalistes qui s’engagent pour défendre les lanceurs d’alerte persécutés et, tout particulièrement le journaliste Julian Assange, pourtant empêché de quitter Londres depuis 11 ans et enfermé sans inculpation ni jugement depuis plus de deux ans et demi dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, sous la menace d’une extradition vers les États-Unis où, considéré par le gouvernement comme un espion, il risque la prison à vie.

Toute personne éprise de justice se doit de réclamer la libération de Julian Assange
Considérant non seulement que toute personne éprise de justice se doit de réclamer la libération de Julian Assange mais aussi que celle-ci est un enjeu fondamental pour garantir le droit des journalistes à investiguer librement et à protéger leurs sources, droits indispensables pour qu’un journalisme indépendant continue à exister, nous ne pouvons qu’insister pour que vous marquiez votre solidarité envers Julian Assange et WikiLeaks.

Il est indispensable que vous,  journalistes, vous engagiez dans ce combat qui vous concerne au premier chef !  

Comité Free.Assange.Belgium
Bruxelles, le 21 octobre 2021