Cela fait un mois qu’Abdullah Öcalan a appelé au désarmement et à la dissolution du PKK. Le contenu de cette annonce est depuis devenu un enjeu permanent pour les Kurdes. Malheureusement, malgré son importance, à part quelques tentatives, le contenu de la lettre n’a pas fait l’objet de discussions approfondies.
Intelligence kurde
L’intelligentsia kurde, dont l’existence même est parfois remise en question, a abordé la question en fonction de ses engagements politiques et n’a pas adopté une attitude objective et honorable. Comme on pouvait s’y attendre, de nombreux proches du mouvement kurde ont soutenu l’appel sans réserve. Un grand nombre d’intellectuels ayant des engagements politiques similaires sont restés silencieux sur la même question. Il semble que ce silence ne signifie pas nécessairement qu’ils approuvent l’appel, mais qu’il est plutôt dû au risque d’exprimer leurs opinions.
Des nationalistes sans fondement
À l’inverse, des individus connus pour être les ennemis jurés du mouvement ont attaqué Öcalan et sa lettre. Ce même groupe de personnes a considéré l’appel à mettre fin à la lutte armée et à dissoudre le PKK comme une opportunité de promouvoir leur nationalisme sans fondement. Les positions de ces deux factions opposées d’intellectuels ont empêché l’appel d’être discuté publiquement par le peuple kurde, ce qui pourrait avoir un impact énorme sur son avenir.
Le PKK et ses organisations affiliées
Alors que la polarisation et le silence ont placé les intellectuels dans une position honteuse, quelle a été la position du PKK et de ses organisations affiliées ? Beaucoup, indépendamment de leur engagement politique dans le mouvement, avaient espéré que le parti tiendrait compte des préoccupations de la population concernant cet appel et l’adapterait en fonction de la réalité sur le terrain. Cependant, le parti a brisé ces espoirs en annonçant qu’il soutenait énergiquement la lettre appelant à sa dissolution, en utilisant un langage très élogieux.
Les élites politiques
Les élites politiques kurdes en Turquie, en revanche, n’ont pas assumé leurs responsabilités, à part remettre la lettre d’Ocalan. Ces élites, dont la priorité est leur position à Ankara plutôt qu’au Kurdistan, ont depuis longtemps perdu leur indépendance opérationnelle et ne peuvent donc pas négocier l’appel final avec le mouvement. En raison de ces faits, le risque auquel est confronté le peuple kurde n’est pas seulement une intégration à l’État turc sur la base de l’assimilation, mais aussi le silence des intellectuels, le soutien aveugle à l’appel et les attaques aveugles contre lui.
Necat Ayaz,
29.03.2025
Article proposé par Necat Ayaz.
Source : https://infowelat.com/ocalans-call-silence-of-intellectuals-and-risk.html