Il y a encore des banques honnêtes

Créé en 1987, le Réseau Financité est devenu un acteur incontournable de la promotion d’une finance plus solidaire et plus responsable. Pour ces pionniers de ce que l’on appelle la finance éthique, la stabilité du système financier n’est pas seulement un enjeu fondamental d’un point de vue économique et social mais aussi démocratique. Considérant que la finance doit être au service de l’intérêt général, Financité œuvre à la régulation en profondeur du système financier et soutient les acteurs et les produits financiers responsables et solidaires. Des dossiers prioritaires portés par Financité sont l’inclusion financière (les pauvres aussi ont droit à un compte en banque…) et le soutien à la création de monnaies complémentaires mais ils abordent aussi le sujet de la fraude fiscale et dénoncent les questions d’inégalité financière traitées dans le n°5 du journal POUR. Suite à la dénonciation du comportement de certaines banques belges, la publication Financité Magazine n’a plus pu être diffusée via le quotidien La Libre Belgique (qui compte des banquiers dans son CA).

Les dossiers de POUR montrent que les grandes banques sont souvent complices, voire instigatrices, des tricheries financières à grande échelle. Nous relayons donc le texte paru dans la newsletter Goodmoney, texte qui explicité un récent communiqué de presse de Financité montre qu’il existe encore des banques qui ont encore un peu de sens moral et que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle sont aussi  plus efficaces que celles qui donnent la priorité aux profits égoïstes de quelques-uns sur l’intérêt collectif.

Alain Adriaens

Les banques éthiques font trois fois mieux que les grandes banques

Financité – 5 février 2019

Les grandes banques ont gagné le sprint pendant que les banques éthiques couraient un marathon. Sur les 10 années qui ont suivi la chute de Lehman Brothers, les banques éthiques ont réalisé des résultats trois fois supérieurs à ceux des grandes banques.

Pourquoi les pays européens ont-ils dû sortir 654 milliards d’euros de leur poche pour sauver une douzaine de banques de la faillite alors qu’il n’a pas été nécessaire de verser un seul centime aux 23 banques éthiques basées en Europe ? C’est la question à laquelle tente de répondre le second rapport sur la Finance éthique et durable présenté au Parlement européen ce mercredi.

Le but : confronter l’impact réel des 23 banques éthiques aux 15 banques systémiques européennes de taille assez conséquentes pour faire basculer l’économie en cas de problème. Et sur la période 2007-2017, on note donc que la rentabilité annuelle moyenne des premières est bien supérieure à celles des grandes institutions (3,98% chaque année, contre 1,23% pour les autres).

En réalité, les banques systémiques ont connu des résultats bien plus spectaculaires jusqu’en 2006-2007. Mais la fête a pris fin et les banques éthiques qui n’avaient alors pas cédé aux sirènes des produits financiers exotiques aux rendements vertigineux ont été récompensées à plus long terme. Elles font donc mieux, ou en tout cas plus longtemps. Le rapport Liikanen, du nom de celui qui présidait le groupe d’experts chargés d’entamer une réforme bancaire post crise, avait déjà montré il y a quelques années que les banques coopératives jouissaient d’une meilleure stabilité.

Mais surtout, les banques éthiques le font sans l’intervention des autorités. Car rien qu’en Belgique, l’Etat et les Régions avaient dû intervenir pour sauver plusieurs institutions qui n’étaient pourtant pas considérées comme systémiques : Fortis, KBC, Dexia et l’assureur Ethias. Bilan provisoire 10 ans après la crise selon Eric Dor, directeur des études économiques à IESEG School of management : des comptes encore dans le rouge de 885 millions d’euros malgré la perception d’intérêts et de dividendes.

De la reconnaissance pour les banques éthiques

Avec la présentation du rapport au Parlement européen, la Fondation finance éthique invite surtout à reconnaître une chose : la différence structurelle entre les banques éthiques et les banques purement commerciales.

Tableau : les banques éthiques et les banques systémiques scannées par le rapport européen

C’est par ailleurs l’occasion d’encourager les autorités européennes à arrêter de limiter la notion de « durable » aux seuls aspects environnementaux, alors même que les impacts sociaux et économiques peuvent être démontrés. En 2017 par exemple, les prêts à l’économie réelle représentaient 77% des activités des institutions durables, contre 40,52% pour les autres.

Reste encore à légiférer sur les investissements à très court terme, les paradis fiscaux et les produits risqués qui circulent toujours sur les marchés financiers. « A la lumière des catastrophes de ces dernières années, il est difficile de comprendre comment la spéculation peut être entièrement absente des propositions actuelles sur la finance durable », s’interroge la Fondation finance éthique.