En 2016, un limiteur de débit d’eau a été imposé à 2100 ménages qui ne pouvaient plus payer leur facture. Dépendre d’un limiteur d’eau, c’est être restreint dans de nombreuses utilisations : la machine à laver, le chauffe-eau gaz, la douche… Il faut 10 minutes pour remplir une casserole d’eau et ce rythme complique considérablement les petits gestes normalement insignifiants tels que rincer une lavette, sans parler du défi quotidien devant l’évier de la salle de bains, etc.
Cette pratique est indigne car elle réduit fortement les conditions de vie au quotidien. Le RWLP exige du Gouvernement wallon qu’il respecte la dignité humaine et garantisse le droit à l’eau pour toutes et tous, hors toute privation de ce patrimoine commun vital.
Quelles sont les conséquences sur le quotidien d’avoir un limiteur d’eau ? Quels sont les inconvénients grevant la qualité de vie au quotidien ? Ils sont facilement imaginables : 50l/heure, c’est 12 minutes pour remplir un seau d’eau, 30 secondes pour remplir un verre d’eau. C’est une machine à laver qui ne fonctionne plus ce qui oblige donc à trouver d’autres solutions plus onéreuses comme celle du recours aux lavoirs publics, sans compter le temps que cela nécessite. C’est parfois aussi une chaudière au gaz qui ne parvient plus à s’enclencher… C’est l’impossibilité de prendre une douche. C’est devoir se priver d’eau chaude si on se chauffe au gaz… c’est compliqué de faire passer tout le monde par les toilettes au petit matin. Bref, c’est pénible, c’est même insupportable, insoutenable.
En 2016, 2100 ménages, des familles ? Des personnes âgées ? Des personnes en mauvaise santé ? Des personnes en tout cas qui ont du mal à payer et se voient privées d’un élément de vie indispensable ! Sans l’eau, pas de vie, pas même de survie. Pour certains parlementaires, 2100 ménages c’est une broutille, c’est « marginal », c’est le « résidu ». Mais pour ceux qui le vivent, c’est dramatique.
Pour recouvrer les impayés, les distributeurs ont recours peu ou prou, selon les cas, au placement de limiteurs de débit, ou tout le moins à la menace de pose de celui-ci. Cette pratique utilisée depuis les années 1990, a trouvé un cadre légal en aout 2016.
Alors que le sujet revient à l’agenda du Gouvernement wallon, ce vendredi 15 juin Le RWLP a mené à Namur une action de sensibilisation.
Il rappelle que l’optimalisation du Fonds Social de l’Eau passe par la connaissance fine des personnes en défaut de paiement, des conséquences de la pose du limiteur sur le quotidien et des risques en matière d’appauvrissement, de fragilisation accrue, d’éloignement des structures d’aides et d’isolement social.
Le RWLP réclame que les décisions puissent être concertées avec l’ensemble des acteurs, en ce compris les publics vulnérables. Il serait regrettable de se priver d’écouter les solutions jugées judicieuses par les plus concernés.
Le RWLP invite à travailler sur des solutions alternatives, créatives permettant à l’Etat de garantir l’accès de tous à l’eau. A titre d’exemple: l’amélioration des conditions de logement et singulièrement sur les fuites (souvent responsables de sur-consommation), un travail sur les plans d’apurement raisonnables, véritablement soutenables pour les ménages et avec une certaine souplesse répondant aux contraintes de la vie en flux tendu que vivent les ménages en situation de pauvreté, etc.
Le RWLP demande, de façon plus globale, au Gouvernement wallon de se pencher sur les tarifs car l’eau, bien de première nécessité, devient de plus en plus chère et « objet de marché ». Il demande au Parlement de reconsidérer la proposition de soumettre la décision de pose de limiteur de débit au passage en justice de paix.
Contact :
Christine Mahy, Secrétaire générale et politique du Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté – 0498/44 82 38.
Anne Leclercq, Animatrice politique en matière de réduction des inégalités et de lutte contre la pauvreté : 0476 /96 95 76 ; a.leclercq@rwlp.be