Ce livre mérite à coup sûr son sous-titre : Le petit livre de la colère. En effet, c’est un long cri de colère que l’on entend tout au long des pages. On découvre peu à peu qui est cette auteure hors normes. C’est une artiste, chanteuse, slameuse, actrice[1], poétesse, écrivaine…[2] Elle nous dit qu’elle n’a « que » 30 ans et pourtant on a l’impression qu’elle a déjà vécu plusieurs vies.
Ensauvagement, de Gioia Kayaga
Ses origines, des vies heurtées, brisées, broyées
Si elle nous crie sa colère, elle en recherche aussi la source. Elle nous révèle que : « La colère m’habitait déjà entièrement à la naissance » et va donc la dénicher dans le passé de ses ancêtres. On apprend ainsi qu’elle est en partie afro-descendante avec une ascendance italienne « qui a fui le fascisme, pour rencontrer le racisme ordinaire ». Elle nous dit : « Je suis mon arrière-grand-père italien qui, après une vie de labeur et de misère, est mort brûlé vif dans une usine de Charleroi, à moins de 50 ans, sans avoir jamais pu se reposer ». Et d’autre part elle dit aussi : « Je suis mes arrière-grands-parents burundais qui ont vu leur culture, leurs traditions, leur éducation, leur religion disparaître au profit de celle de l’Homme blanc dans une violence extrême. (…) Je suis mon arrière-grand-mère, après l’indépendance du pays, qui a vu mourir son mari et 4 de ses 5 enfants, qui a vu se multiplier les orphelins sans repères parmi sa descendance ». Comme elle a aussi pratiqué de nombreuses expériences d’ordre spirituel (« astrologie, méditation, travail sur les chakras, pratiques traditionnelles allant du Japon jusqu’au Congo en passant par les Amériques »), elle sait que « la colère qui m’habite est profondément ancrée en moi, inscrite dans mon patrimoine génétique »). Elle a fait des recherches sur ses origines et les vies heurtées, brisées, broyées, dont elle nous dresse une liste édifiante.