Davos : les maîtres du monde font du ski

Chronique impertinente d’Alain Adriaens

Tous les ans, au mois de janvier, souvent revenus bronzés de leurs séjours dans les paradis fiscaux des Caraïbes, ceux qui s’arrogent le droit de diriger les affaires du monde se retrouvent dans la luxueuse station de sport d’hiver suisse de Davos. Sortons donc de notre entre-soi de gauchistes et d’écolos bien-pensants et voyons quel avenir nous préparent les puissants qui orientent les flux gigantesques d’argent qu’ils possèdent à quelques-uns.

Faire semblant de comprendre la vague verte

Officiellement, le 50ème Forum économique mondial annuel avait comme thème « Les parties prenantes pour un monde durable et cohésif ». En effet, il fallait bien un peu de greenwashing pour faire semblant de répondre aux nombreuses mobilisations qui, de par le monde, ont monté face à l’évidence des conséquences désastreuses du basculement climatique. Pour tous ceux qui ne sont pas dans le déni, les effets néfastes dus aux bouleversements du climat ne sont plus une crainte pour l’avenir mais une réalité chaque jour plus dévastatrice. Nos milliardaires ont ainsi promis de planter 1.000 milliards d’arbres… Où, quand, comment ? Ce n’est pas dit mais l’annonce est jolie et sensée calmer l’ardeur des contestataires. Plus fort encore, BlackRock, le monstre financier pilotant 7.000 milliards de dollars, sans doute le plus influent décideur de ce que va devenir la Planète, a annoncé la semaine dernière vouloir devenir « un leader des investissements durables ». D’évidence, il y a de l’argent à gagner dans le green deal qui se préparerait.

Les 2.500 chefs d’Etat et milliardaires présents ont montré leur ouverture et grande gentillesse en acceptant dans le temple hivernal de l’Eglise de la Très Sainte Consommation, la dérangeante Greta Thunberg qui va répétant « How dare you ? ». Eh bien oui Greta, ils osent tout, c’est à cela qu’on reconnaît les vrais puissants. Comme l’ironisait la piquante Charline Vanhoenacker, ils vont même peut-être pousser le mépris jusqu’à promette de faire du co-jeting : plutôt que de venir chacun dans son jet (calculez le gigantesque bilan carbone de leur petite sauterie), en 2021, ils viendront peut-être à deux par jet privé.

En revenir aux choses sérieuses