Coronavirus : premières leçons d’un début de pandémie

Depuis début mars 2020, l’épidémie à Coronavirus a largement débarqué en France et en Belgique et les médias, officiels ou officieux, sont en effervescence. On entend tout et son contraire, et parfois même ce qu’on a pu appeler des « coronneries ». Tentons de voir aussi que clair que possible dans cette problématique suscitant bien de polémiques. Quels sont les faits avérés et les perspectives qui sont, elles, souvent très subjectives.

Arrêt sur image le 8 mars 2020

Pour ce qui est des faits, la source la plus complète à laquelle vont s’abreuver tous ceux qui essaient de s’informer objectivement est la carte et les chiffres du « Coronavirus COVID-19 Global Cases by Johns Hopkins CSSE » mis à jour très régulièrement par l’hôpital qui dépend de l’université de Baltimore aux USA. Même s’ils dépendent des infos provenant des dizaines de pays touchés (parfois peu transparents) et de l’OMS, leurs chiffres sont les plus fiables. Que disent des chiffres à ce jour ? 115 pays touchés, 110.148 personnes infectées, 3.826 décès et 62.370 personnes guéries. On a donc bien affaire à une pandémie que l’OMS a déclaré être extrêmement inquiétante.

Evolution de la contamination

La question que chacun se pose est : « Est-ce que la contamination va arriver “chez nous” et quelle proportion de la population sera affectée ? ». Pour répondre à cette question je m’appuierai sur des graphiques repris du blog de Paul Jorion vers lequel convergent souvent des infos précieuses et des commentaires intelligents.

On constate que pour la France comme pour la Belgique, l’augmentation du nombre de personnes infectées est très rapide, prenant dans un premier temps la forme d’une exponentielle. Le démarrage de l’épidémie proprement dit est décalé d’une semaine (26 février en France et 2 mars en Belgique) mais on assiste à un même scénario qui est d’ailleurs identique à ce que l’on a observé en Chine et en Italie qui furent en Asie et en Europe, les deux pays les premiers touchés. Une courbe de type exponentiel dans un premier temps et ensuite une augmentation plus linéaire.

C’est en s’appuyant sur ces deux « précurseurs » que sont Chine et Italie que, toujours sur le blog de Paul Jorion, Alexis Toulet a tenté de réaliser une prévision à moyen terme de l’évolution du nombre de personnes contaminées. Constatant que le taux moyen de croissance de l’épidémie était de de 21% par jour en Chine (hypothèse dite optimiste,  avec mesures de confinement très strictes) et de 33% par jour en Italie (avec des mesures moins drastiques dans un pays à la logique moins autoritaire ou collective). En appliquant ces deux taux à la situation connue en France le 5 mars, il dressait le tableau ci-contre, ce qui l’amenait à conclure qu’il serait très difficile de tenir les élections municipales des 15 et 22 mars où l’on pourrait compter plusieurs dizaines de milliers de malades. Observons que les deux projections donnaient, pour le 9 mars, 908 ou 1.325 malades et que le chiffre réellement observé est de 1.209 personnes infectées (les mesures adoptées par les autorités françaises sont donc plus proches de celles de l’Italie que de celles de la Chine – qui aurait pu en douter ?).