Ce patrimoine congolais conservé par la Belgique

Ce patrimoine congolais conservé par la Belgique :
retour sur le texte de Sarah Ven Beurden

 

Le mouvement de protestation Black Lives Matters a pris une ampleur historique suite au meurtre de Georges Floyd par la police, le 25 mai 2020 aux États-Unis. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la manifestation du 7 juin 2020 à Bruxelles, où plus de 10.000 personnes ont protesté contre les violences policières et, plus largement, contre les injustices raciales. Ces mobilisations ont remis au cœur du débat public la question du racisme structurel et de sa continuité avec les préjudices nés du passé colonial. Au niveau belge, elles impliquent ainsi la nécessité de reconnaître la responsabilité de Léopold II et de l’État belge dans les crimes et les exactions commis par le passé au Congo.

Dans ce contexte, la déclaration du 30 juin 2020 du roi Philippe à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la RDC, où le souverain reconnaissait les “actes de violence et de cruauté” de l’époque léopoldienne, est totalement insuffisante mais néanmoins inédite. C’est dans ce cadre qu’ont eu lieu des débats à la Chambre des représentants autour d’un projet de résolution, depuis longtemps repoussé, concernant un travail de mémoire à mener sur la période coloniale[1]. Lors de ces débats a été créée une Commission spéciale sur le passé colonial belge (parfois appelée Commission “Vérité et Réconciliation”). Avec une perspective d’une année de travaux, ladite commission devrait tout d’abord présenter un rapport préliminaire sur l’état des lieux de la recherche historique sur le sujet et de la recherche scientifique sur la relation entre ce passé et le racisme, la xénophobie et l’intolérance. La remise de ce rapport a pour l’instant été repoussée du mois d’octobre à celui de novembre. Soulignons que cette commission fait face à des enjeux éminemment importants et vastes comme garantir une composition représentative et interdisciplinaire, se doter d’un mandat et d’une méthodologie qui permettent de rencontrer les objectifs visés de vérité et de réconciliation, proposer un processus transparent et participatif vigilant à la place des victimes et des communautés, etc. Tout cela dans un timing réaliste.

À ce stade-ci des travaux, nous proposons, à travers une étude de Sarah Van Beurden[2], historienne spécialiste de l’Afrique centrale et de la culture (post-)coloniale et nommée comme experte pour accompagner ces travaux parlementaires, dans les lignes suivantes une illustration de la manière avec laquelle la Belgique a tenté de masquer sa dette historique envers le Congo et d’atténuer sa responsabilité à travers une politique de “développement” ou de “coopération”.