L’annonce faite hier de la possibilité de rendre visite à un parent dans un home a bousculé la matinée entière. La farce, quand elle est trop apparente dans une tragédie, donne le sentiment d’avoir affaire à des scénaristes sous amphétamines. On sait trop bien que la politique est surtout une question de production et d’organisation du chaos. Et voici que l’on voit la générale en chef abandonnée seule sur le champ de bataille, lâchée par ses capitaines et ses lieutenants, tournoyant dans la nuit et consumée par le feu. La veille, elle incarnait pour les médias ce qui restait de crédibilité gouvernementale. Ce matin, seuls les chiffres en baisse de la mortalité quotidienne et la lente diminution des admissions en hôpital pensent encore pouvoir endiguer cette déroute.
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La Première ministre qui a vu déserter ses équipages au moment d’aborder la première des questions liées au déconfinement rappelle toutefois les mêmes lâcheurs à la rejoindre afin de discuter de décisions « qui auront un aspect idéologique » afin de former un gouvernement « chargé de la relance économique »… Que le temps soit venu de mettre un terme à ces palinodies n’est même plus de l’ordre de la rêverie. Ce n’est plus quelque chose sur quoi spéculer, mais à ordonnancer. Pour qui se fie même a minima sur les destins entropiques des négativités humaines, la discussion est même close.
On notera que le Conseil National de Sécurité de mercredi a aussi autorisé les sorties à cheval pour le bien-être de l’animal. On en a moins parlé. Avec la visite à un parent dans un home, c’était pourtant l’autre nouvelle empathique de la journée.
Enfin, pas tout à fait, voilà que la Chambre réunie en séance plénière a décidé d’abandonner un nouveau train d’économies dans le secteur de la santé : 48 millions de réductions prévues dans le secteur hospitalier sur les 96 que Maggie De Block chercher à réaliser. On ne sait pas ce qui est le plus étonnant dans cette nouvelle : que la Chambre se réunisse encore en ces temps de pouvoirs spéciaux ou qu’il soit encore imaginable de faire des économies à charge des hôpitaux. C’était ça ou faire payer le secteur pharmaceutique, cela dit. Ce n’était pas rien comme choix cornélien, il faut dire.
Paul Hermant – 17 avril 2020
[1] Les Acteurs des temps Présents, nés à la fin 2013 sont une alliance assez singulière entre des métallurgistes de la MWB et des fermiers de la FUGEA. Pourtant ce front commun inédit a contaminé d’autres secteurs sociaux, culturels ou économiques : artistes, allocataires sociaux, monde académique, secteur associatif… Les politiques néolibérales et leurs conséquences en termes de logiques d’austérité et d’appauvrissements de toutes sortes étaient au cœur de la création des Acteurs des temps Présents. Elles le sont toujours aujourd’hui.