Contre l’insularité

Dans notre époque de pandémie et de crise climatique, nous devons rejeter les logiques d’insularité : nous avons besoin d’une utopie qui fonctionne pour tous.

Pourquoi tant de visions utopiques prennent-elles une forme insulaire ? C’est ainsi depuis le mythe de l’Atlantide chez les Grecs antiques, son adaptation moderne par Francis Bacon (La Nouvelle Atlantide), l’Utopia de Thomas More, l’Île d’Aldous Huxley, jusqu’à, plus récemment, les rêves des milliardaires de la Silicon Valley des créer îles flottantes pour résoudre certains des problèmes les plus urgents du monde.

La partie occidentale de la pensée utopique, au moins, est obsédée par les îles. Il existe plusieurs approches pour expliquer ce phénomène. Il est important de relever, par exemple, que l’imagination utopique européenne s’est formée au début du colonialisme et impérialisme européen, avec le contraste entre l’Europe continentale et les îles lointaines « découvertes » au cours de cette période historique. Mais nous pouvons aussi prendre en considération un autre aspect : l’influence des épidémies sur l’imagination utopienne occidentale.

Île d’Utopia de Thomas MoreBritish Library.

Les utopies

Lothar Müller a soutenu dans un article récent paru dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung qu’une grande partie de la première littérature utopienne était profondément influencée par la propagation de la peste en Europe, épidémie ayant tué 30 à 60% de la population européenne au quatorzième siècle et persistant à resurgir jusqu’au XXe siècle.