Comment lutter contre le phénomène mafieux ?

Parler des connivences politico-mafieuses, inhérentes au pouvoir des clans italiens, est une manière de conscientiser tous ceux qui, hors d’Italie, se croient à l’abri d’un tel phénomène dans leur pays. Ce sentiment d’éloignement par rapport au phénomène en question est dû à une méconnaissance de ce dernier par le grand public, et est entretenu par l’ensemble des Etats européens qui n’auraient aucun intérêt à assumer la présence de la mafia sur leur territoire – signe de faiblesse pour l’Etat et ses institutions.

 

En effet, la mafia est une menace pour la légitimité de l’Etat puisque celle-ci exerce un pouvoir à la fois social, politique et économique en le concurrençant dans l’exercice de la violence sur son territoire. Depuis le maxi-procès de Palerme en 1986, qui a démontré l’étendue du pouvoir mafieux, l’Italie ne peut plus nier l’existence sur son territoire de ce pouvoir concurrent.

Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, deux juges italiens assassinés en 1992 par la mafia pour leur rôle dans le maxi-procès de Palerme (source : contatto diretto sur Flickr)

Après ce procès marquant, l’Etat italien s’est donc doté de tout un arsenal juridique visant à criminaliser les associations mafieuses, qui menacent sa prééminence. Aujourd’hui, de nombreux organismes antimafias existent et collaborent entre eux afin de lutter de manière répressive contre le phénomène. L’Etat peut notamment compter sur la commission parlementaire antimafia créée en 1962 – ce fut le premier grand dispositif étatique mis en place en Italie – mais aussi sur le pool antimafia du tribunal de Palerme, créé en 1983. Ce dernier est un groupe constitué de magistrats ayant pour rôle de centraliser les informations et de coordonner leurs actions.