« Allez de l’avant sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure. » Avec ces mots retransmis à la Radio Magalles, Salvador Allende s’adressait une dernière fois au peuple chilien. C’était le 11 septembre 1973, jour où les putschistes de Pinochet bombardent le Palais présidentiel de la Moneda, mettant brutalement fin au gouvernement de gauche de l’Unité populaire (Unidad popular) et à la propre vie d’Allende. Ce vendredi 25 octobre, 46 ans plus tard, entre 1 et 2 millions de Chiliens marquaient l’histoire du pays en occupant massivement « les grandes avenues » de Santiago.
Le Vendredi 25 octobre s’écrit avec le V de Victoire[1]
Théâtre de rue, batucada, tintamarre de casseroles, messages révoltés sur des pancartes, slogans déterminés et percutants, la foule immense a dévalé les rues de la capitale chilienne jusqu’à l’engloutir comme jamais depuis la manifestation pour exiger la fin de la dictature militaire (1973-1990) au référendum de Pinochet en 1988. Plus déterminés que jamais, les Chiliennes et Chiliens, toutes générations et classes sociales confondues – hormis celle des 1% des Chiliens les plus riches qui détient plus de 25% des richesses du pays et à laquelle appartient le président Piñera[2] – ont défié le pouvoir en place, en masse dans les rues des grandes villes. Ce sont d’abord des centaines d’automobilistes et de chauffeurs routiers qui ont lancé des opérations escargot sur les autoroutes reliant Santiago au reste du pays pour protester contre les prix des péages.