Nos gouvernants conduisent depuis plus de 40 années une politique fiscale qui a pour résultat de permettre à une extrême minorité (riches particuliers et grandes entreprises) de se soustraire pour partie ou totalement à l’impôt qui lui incombe, au détriment d’une extrême majorité qui, elle, doit s’y soumettre. Le principe constitutionnel d’égalité devant l’impôt et le consentement à l’impôt qu’il engendre, véritable fondement d’une citoyenneté active, elle-même ciment de la cohésion de la société, sont scandaleusement bafoués. Les gouvernants qui ont la charge de veiller à leur application rigoureuse détournent lâchement les yeux, soit parce qu’ils ont depuis longtemps abdiqué face au pouvoir économique des puissants, soit parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’alternative à la politique néolibérale omnipotente en vigueur ou qu’ils sont eux-mêmes d’ardents défenseurs de cette dernière.
Et pourtant pas de démocratie sans citoyenneté active. Avec l’arrogance qui les caractérise souvent, ils n’hésitent d’ailleurs pas à dénoncer de manière éhontée une scandaleuse remise en cause du consentement à l’impôt quand ceux qui n’en peuvent plus d’être injustement pressurés osent manifester leur indignation. Ils prétendent alors déceler ce qu’ils appellent un ras-le-bol fiscal auquel ils promettent de réfléchir en soulignant qu’effectivement, il faut moins d’impôts, mais que, pour cela, il faut aussi moins de dépenses publiques et le piège tendu au citoyen lambda se referme insidieusement, lequel s’entend dire : « Vous protestez avec raison, il faut moins d’impôts mais cela suppose aussi moins de services publics » et la boucle est bouclée !