Après la guerre civile libanaise qui dura de 1975 à 1990, le Liban s’inscrit dans le mouvement de globalisation économique inégalitaire et de mondialisation des mouvements migratoires[1]. Aujourd’hui, outre 4,3 millions de Libanais·es résident·e·s, la présence estimée de plus de 1,2 millions de Syrien·ne·s et de 200 000 Palestinien·ne·s, un grand nombre de travailleuses domestiques, originaires notamment du Sri Lanka, des Philippines, d’Éthiopie, de Madagascar et d’autres pays africains et asiatiques, sont entrées au Liban, occupant majoritairement les emplois de services (commerce, restauration, hôtellerie et surtout nettoyage). Actuellement, on estime que les travailleuses domestiques étrangères au Liban sont entre 250 000 et 300 000, soit environ 15% de la population active au Liban.
Anaïs Carton
* Cet article sera également publié dans le prochain numéro de la revue du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), Les Autres Voix de la Planète. Ce numéro qui sortira en avril développera le sujet des dettes et des migrations. Pour vous abonner et les recevoir : http://www.cadtm.org/Revue-Les-autres-voix-de-la-planete
[1] Assaf Dahdah, « Habiter la ville sans droits : les travailleurs migrants dans les marges de Beyrouth » (Liban). Géographie, Aix-Marseille Université, 2015, p.16.
[2] Julien Bret, « Circulations transnationales et travail disqualifié au Moyen-Orient. Les travailleurs non arabes au Liban » in Hommes et Migrations, n°1266, mars-avril 2007. Nouvelles figures de l’immigration en France et en Méditerranée. pp.96-107.
[3] Moujoud, Nasima, Jules Falquet. « Cent ans de sollicitude en France. Domesticité, reproduction sociale, migration et histoire coloniale » in Christine Verschuur et Christine Catarino, Genre, migrations et globalisation de la reproduction sociale, Genève, Cahiers Genre et Développement, n°9, Genève, Paris : EFI/AFED, L’Harmattan, 2013, pp.229-245.
[4] Rhacel Parrenas, Servants of Globalization, Palo Alto, Stanford University Press, 2001.
[5] Mira Younes, « Quand la maison du-de la maître·sse est hybride : savoirs migrants et pratiques de l’interdépendance », Les cahiers du CEDREF, 23 | 2019, 170-199.
[6] Assemblée générale des Nations unies, Rapport de la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d’esclavages, y compris leurs causes et leurs conséquences, 1/HRC/21/41 (juillet 2012).
[7] Mira Younes, op. cit.
[8] Ray Jureideni, op. cit.
[9] https://kafa.org.lb/sites/default/files/2019-01/PRpdf-78-635554479048554864.pdf.
[10] Assemblée générale des Nations unies, Rapport de l’Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits humains, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, A/HRC/45/45 (janvier 2020).
[11] Lydia Assaoud, « Les inégalités, moteur de la révolte populaire au Liban », Cetri, octobre 2019.
[12] UNESCWA, « ESCWA warns: More than half of Lebanon’s population trapped in poverty », 19 août 2020.
[13] Doha Chams, « Que tombe le régime des banques », Le Monde diplomatique, octobre 2020.
[14] Nicolas Dot-Pouillard, « Le Liban de tous les maux », Orient XXI, mars 2020.
[15] ILO, impact of Covid-19 on migrant workers in Lebanon and what employers can do about it, 6/04/2020.