THE INTERNATIONAL SUBVERSIVE (1991) – Julian Assange

Avec deux amis, Trax et Prime Suspect, Julian a créé un petit groupe de hackers totalement secret et bien plus politisé que le Realm, The International Subversive (IS). Trax est un phreaker de génie (freak : monstre + to phone, téléphoner). Cela consiste dans le fait de hacker des lignes téléphoniques pour se donner accès à des connexions gratuites. Il a trouvé le moyen de permettre à l’IS d’avoir accès de manière totalement intraçable aux lignes téléphoniques. Julian a quant à lui créé un programme, Sycophant, qui leur permet de craquer les mots de passe des ordinateurs.

Grâce au phreaking, à Sycophant et à leur talent exceptionnel de hacker, les trois amis s’introduisent dans des réseaux encore beaucoup plus secrets et sensibles que ceux de la NASA… Chaque nuit, ce sont les sites de la Citybank, du Pentagone, de l’US Navy, de l’ US Airforce ou encore du laboratoire nucléaire de Los Alamos qu’ils visitent (liste non exhaustive). Ils vont même aller jusque dans les saints des saints d’Internet: les sites de l’US Military National Coordination Center dont le rôle était de sécuriser tout le système informatique américain et le site du NIC (US Department of Defense’s Network Information Center), considéré comme le site le plus important d’Internet.

Une fois sur ces sites, ce qu’ils cherchent, c’est à en comprendre l’architecture, à voir ce qui s’y passe, ils essaient d’y trouver les dossiers sensibles, les documents secrets… Les trois adolescents aiment à se livrer à l’anatomie de ces sites. Ils aiment aussi imaginer ce qui pourrait se passer s’ils en prenaient le contrôle. Par exemple, à partir du NIC, (qui assigne les noms de domaine « .com », « .net » pour tout Internet), on peut faire disparaître un pays tout entier d’Internet, on peut aussi se donner accès au Milnet, le réseau secret de l’armée américaine… Leur éthique de hacker est cependant draconienne : s’ils se permettent de visiter ces sites, ils ne s’autorisent à n’y faire aucune intervention.

Ces hacks nocturnes seront une véritable école politique pour Julian. Ils lui permettent de comprendre à quel point les forces oppressives ne détiennent leur pouvoir que de leur capacité à cacher des choses et à les maintenir secrètes. Il a l’intuition que combattre ces forces pourrait revenir à mettre en lumière ce qu’elles cherchent à cacher. Il a l’intuition qu’agir de la sorte permettrait de pratiquer un activisme beaucoup plus efficace que celui de ses parents qui manifestaient. Il dira :

Il a l’intuition qu’Internet pourrait révolutionner le modèle insurrectionnel.

L’anonymat est la clé de voûte de ce renouveau insurrectionnel. Il est au cœur de la démarche du hacker via le recours aux pseudos. Pour Julian, alias Mendax, un pseudo est un masque qui permet d’« être plus authentiquement vrai ».

Les IS tiennent un magazine ultra confidentiel. (cf photo ci-dessous). Ils y consignent les clés informatiques de leurs hacks. Quant aux disques durs sur lesquels sont enregistrés mots de passe et autres trouvailles, Julian les cache en lieu sûr : sa ruche. Depuis son enfance, Julian développe une relation particulière avec les abeilles. Il possède une ruche et passe beaucoup de temps à observer leur comportement des abeilles, à se faire adopter par elles. Grâce à elles, ses datas sont en sécurité. Toute personne qui s’approche de la ruche s’expose à une attaque de l’essaim.

Lors d’un hack dans le système informatique de la société canadienne de télécommunications Nortel, le piratage des IS est découvert pour la première fois par un admin. Une longue enquête qui porte le nom de code Operation Weather est menée par la police fédérale australienne.

Le 29 octobre 1991, quelques jours après l’arrestation de ses amis, Julian se fait arrêter dans son squat à Melbourne (il vivait dans un squat et avait même créé une petite agence immobilière online à but non lucratif qui recensait les appartements vides de la ville pour en faciliter l’accès à ceux qui ne pouvaient se payer un logement). Cette arrestation vient s’ajouter à une rupture amoureuse extrêmement douloureuse. Julian sera plongé dans une très grave dépression pour laquelle il va devoir faire un séjour en hôpital psychiatrique. Julian, Trax et Prime Suspect vont devoir attendre 3 longues années avant de recevoir leur charge pour le procès… Le procès ne se terminera qu’en décembre 1996. Julian plaidera coupable. Il évitera de peu la prison ferme et s’en sortira avec une lourde amende, des heures de travail d’intérêt général et l’injonction de renoncer définitivement au hack… Mais y a-t-il une vie après le hack ?

Voilà, c’était le 4^ème épisode de la série WANTED qui vous emmènera au cœur du réacteur de notre monde et vous en dévoilera les petits secrets…

Demain, nous verrons comment Julian va rebondir après ce procès…

Belgium4Assange

Texte écrit par Delphine Noels,
Avec la collaboration de Marc Molitor, Pascale Vielle et Bogdan Zamfir

Le 4 janvier 2021 sera une date historique : à Londres, la justice britannique rendra son verdict dans le procès d’extradition de Julian Assange. Quels sont les enjeux de ce procès ? En quoi nous concernent-t-ils directement ? Difficile d’avoir les idées claires à ce sujet tant la mésinformation et la désinformation ont été grandes. A partir du 1er décembre et jusqu’au 4 janvier, Belgium4Assange diffusera quotidiennement un épisode de WANTED, série Facebook qui raconte la vie de Julian Assange en 34 épisodes. Découvrir le “Dossier JULIAN ASSANGE, UNE VIE”

Sources – Pour en savoir plus

Ce petit texte a été écrit à partir des chapitres consacrés au IS de :

Underground, Juliette Dreyfus & Julian Assange, Canongate Books Ltd, 2012.

The most dangerous man in the world, Andrew Fowler, Skyhorse Publishing, 2011.

Une copie du magazine IS se trouve sur Cryptone.org : http://cryptome.org/2013/01/International_Subversive__Volume1.txt.gz

 

#04Jan2021DateHistorique

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