Psychiatre et Martiniquais, « compagnon de route » de la guerre de libération nationale algérienne, il était peut-être inévitable que Frantz Fanon, considéré comme l’un des pères du tiers-mondisme, consacre sa vie à l’analyse des conséquences psychologiques du colonialisme, à la fois sur le colonisé et sur le colonisateur.
« À chaque fois que la liberté et la dignité de l’homme sont en question, nous sommes tous concernés, blancs, noirs ou jaunes »
Elève d’Aimé Césaire, il s’engagea en 1943 dans les Forces Françaises Libres du général de Gaulle .« À
chaque fois que la liberté et la dignité de l’homme sont en question, nous sommes tous concernés, blancs, noirs ou jaunes », dira-t-il, en bon « internationaliste » – Fanon sera blessé en France avant d’être envoyé en Algérie où il découvre la société coloniale, raciste, de «
l’Algérie française ». Revenu en Martinique, il se rapproche du Parti communiste français (PCF), en 1945, dont le candidat aux législatives était Aimé Césaire. Une bourse lui permettra de faire des études de médecine en France, où il ressentira amèrement le racisme de certains intellectuels métropolitains.
Paul Delmotte
Bibliographie
- Peau noire, masques blancs, 1952, réédité au Seuil, 2001
- L’An V de la révolution algérienne, 1959, réédité à La Découverte, 2011
- Les Damnés de la Terre, 1961, réédité à La Découverte, 2002
- Pour la révolution africaine. Écrits politiques, 1964, La Découverte, 2006
- Œuvres, La Découverte, 2011
- Écrits sur l’aliénation et la liberté, La Découverte, 2006, 2015
- Écrits sur l’aliénation et la liberté. Œuvres II, La Découverte, 2018
[1] Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, 1961, éd. La Découverte poche, 2002, p. 53-54. (Wikipédia).
[2] Abane Ramdane (1920-1957) a joué un rôle décisif dans l’organisation de la lutte de libération et de l’unification des divers groupes politiques indépendantistes, ce pour quoi il avait été surnommé « l’architecte de la révolution ». Dans le cadre de la rivalité entre « l’armée de l’intérieur » et l’Armée des frontières et des querelles intestines à l’intérieur du FLN, il sera attiré au Maroc par certains de ses pairs au sein de Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et étranglé à la fin décembre 1957.
[3] BenYoucef Benkhedda, proche d’A. Ramdane, président du GPRA en 1961, cosignera en 1976 un manifeste appelant à une Assemblée nationale constituante élue au suffrage universel, ce pour quoi il sera placé en résidence surveillée et ses biens confisqués. Il fondera plus tard avec d’anciens compagnons de la lutte de libération le groupe El-Oumma, avec pour objectif l’application de la Proclamation du 1er novembre 1954 qui avait appelé à l’insurrection contre la France, en vue d’un « État Algérien indépendant souverain et démocratique dans le cadre des principes islamiques » et pour œuvrer au rassemblement entre islamistes et nationalistes, ce que le président Zeroual (1994-1999) contrera au nom de l’interdiction de la référence à l’Islam par les partis. En même temps, B. Benkhedda cofondera le Tadhamoune pour dénoncer l’état d’exception et les violations graves des Droits de l’Homme après le coup d’État militaire de janvier 1992. Benkheda mourra à Alger le 4 février 2003…
[4] Le GPRA, créé en 1958, succédera au Comité de Coordination et d’Exécution (CCE), créé en 1956 par le Conseil Nnational de la Révolution Algérienne (CNRA), en tant que premier organe exécutif de la Révolution algérienne.
[5] Alice Cherki, Frantz Fanon. Portrait, Seuil, 2000.
[6] Voir son interview dans POUR (21.4.20) par Robin Delobel et Scandola Branquet : https://pour.press/interview-de-norman-ajari/ .