“La prochaine crise est imminente. Mais d’où viendra-t-elle ?“[2] C’est comme si un grand coup allait nous prendre par surprise: on ne sait d’où il viendra, pourtant on sent qu’il va faire mal. Une telle situation est à l’évidence anxiogène, mais nous restons cois, comme sidéré∙e∙s face à ce qui se prépare. Pourtant, on le sait, une crise financière peut être le prétexte à maintenir un système défaillant à flot, à faire avancer un agenda d’austérité et de privatisations, et cet agenda une fois contesté peut être suivi d’une aggravation de la répression d’État et de la crispation des pouvoirs en place. Sur le moment, la crise financière peut aussi opérer une capture de la pensée au sein des mouvements sociaux. Cet article propose de revenir sur les mécanismes de crise et d’ouvrir les possibilités pour que d’autres scénarios que celui de l’après-2008 soient débattus, écrits et, in fine, réalisés : séparation des activités bancaires, sauvetages partiels et conditionnels, socialisation des banques et redéfinition de leur mission, non-remboursement d’une partie des créanciers, dé-financiarisation de l’économie par un retour du commun… : beaucoup d’idées et de pratiques existent et méritent d’être partagées, débattues, affinées et défendues.
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Il y a certes des choses que nous ne pourrons plus changer : les destructions d’espèces, d’écosystèmes, le pillage des sols… Nous ne pourrons remettre tous ces êtres disparus, tous ces minerais, ces forêts, ces montagnes à leur place. Le système financier, lui, est une forme d’organisation humaine qui peut être modifiée et se le rappeler est peut-être la première étape pour retrouver une prise sur le cours des choses. Mais il faut bien reconnaître que tout est fait pour nous mettre à distance : discours complexe et mots techniques, convocation d’experts à la moindre discussion sur le sujet, dégoût bien justement provoqué par les banques et le système financier. Alors avant de proposer des pistes pour une transformation radicale de ce système, nous parcourrons ici quelques mécanismes à l’œuvre dans une crise financière, puisqu’ils dévoilent assez bien le fonctionnement de la machine et la façon dont elle nous tient, et qu’ils démontrent que tout cela n’est ni mécanique ni tellement technique, mais bien politique. Une façon aussi de retrouver prise sur cette machinerie qui aimerait tant continuer de nous échapper.
1. PRÉMISSES D’UNE CRISE FINANCIÈRE
Aux sources d’une crise financière : des bulles.
On entend souvent à propos de la finance que “tout cela est virtuel“. Pourtant la formation et l’explosion d’une bulle spéculative a toujours un impact sur le “réel”. Une bulle spéculative, ou hausse excessive des prix des titres financiers, reflète des attentes démesurées des investisseurs sur les profits qui seront générés par une entreprise et par le travail de leurs salarié∙e∙s et sur la part qu’ils pourront en capter sous forme de dividendes ou d’intérêts.
S’il y a bulle, c’est aussi qu’il y a trop de demande, trop de capital qui cherche des opportunités d’investissement. Enrichissement et accumulation sans fin des plus riches, multinationales qui rachètent leurs propres actions, retraites poussées vers un régime privé (casse et dévalorisation du système de retraite publics par répartition, promotion des fonds de pension), multinationales, encore, qui accumulent des quantités astronomiques de liquidités : c’est un véritable “mur d’argent” qui n’en finit pas de pousser les prix des titres financiers à la hausse et qui fait tenir les marchés.
Quand la bulle explose, qui touche-t-elle ?
Les titres financiers qui s’échangent sur les marchés sont principalement détenus par les personnes les plus fortunées. En Belgique, 85% des titres financiers sont détenus par 10% de la population[3]. Les 15% restants ne sont pas détenus par 90% de la population, puisque nombreux sont ceux et celles qui n’ont aucun titre financier en leur possession. Cela dit, à force de réduction des services publics (dégradation, privatisation, augmentation des prix…) ceux et celles qui en ont les moyens pallient leurs besoins et compensent leur(s) peur(s) par de l’épargne. Mais bon-gré mal-gré, certain∙e∙s sortent du simple compte épargne à la banque et envoient leur argent dans les circuits des marchés financiers : épargne pension, SICAV, fonds monétaires et autres produits de placement, assurance-vie. TOUS ces produits sont placés sur les marchés financiers. On ne dira pas que ceux et celles qui ont les moyens d’ainsi épargner y sont forcées… quoique. La publicité des banques, les réductions fiscales offertes par l’État, les avis d’experts relayés par les médias et réseaux sociaux, un proche qui y va de son conseil personnel basé sur une expérience chanceuse sont autant de manières de nous y pousser.
Pour autant, les personnes qui ont une partie de leur argent sur les marchés financiers ne sont pas toutes et tous à égalité devant un krach. D’abord parce qu’au moment où le marché se retourne, les mieux placés – les gros détenteurs de capitaux – se trouvent aux premières loges de l’information (grâce aux banquiers, avocats, fiscalistes et autres conseillers patrimoniaux à leur service). Ensuite parce que perdre une partie d’une fortune financière, certes importante, mais qui n’est qu’une cerise sur le gâteau d’un patrimoine et de revenus confortables ne veut pas dire la même chose que perdre les quelques économies qui constituaient votre seule réserve.
Le choc touche immanquablement les banques
Les banques sont au cœur des marchés financiers. Elles ont développé leurs activités sur les marchés en empruntant. Elles ont emprunté et continuent d’emprunter, souvent à un ou quelques jours, des quantités colossales de capitaux dont elles sont vitalement dépendantes. Elles empruntent aux marchés financiers : autres banques, multinationales, sociétés d’assurances, fonds de pension, fonds d’investissement, fonds monétaires et, derrière ces différents fonds, des particuliers. Avec ces emprunts, elles achètent des titres financiers (actions, obligations…) et autres paris sur les marchés. Pour des banques comme HSBC, BNP Paribas ou Deutsche Bank (parmi les 5 plus grosses banques européennes[4]), les activités de marché représentent jusqu’à deux tiers du bilan. Ces activités sont dénommées “banque d’affaire”, “banque de marché” ou “banque de financement et d’investissement”.
Mais les banques occupent aussi des fonctions centrales dans notre société, et il est quasi impossible de les contourner : moyens de paiement (comptes courants, cartes de débit, distributeurs de billets, virements), conservation de l’épargne, et financement des entreprises[5], du secteur public et des ménages par le crédit. Ces fonctions, que l’on rassemble sous le terme de “banque commerciale” sont des fonctions d’intérêt public, qui représentent à peine plus d’un tiers des activités des grands groupes financiers.
Lorsqu’une bulle éclate, elle touche rapidement à la viabilité même des géants bancaires, justement dénommés “colosses aux pieds d’argile“:
- Les titres financiers que ces méga-banques détiennent perdent de la valeur. Or, le capital apporté par les actionnaires (qui fait aussi office de “coussin de sécurité” en cas de pertes) ne représente pas plus de 5% des engagements pris par les grandes banques. La responsabilité financière des actionnaires étant (en l’état actuel du droit privé) limitée à leur apport, ce capital s’avère bien vite insuffisant. Un krach boursier peut donc vite causer la faillite d’une banque.
- Les banques se retrouvent donc dans l’impossibilité de rembourser (tous) leurs créanciers. En l’absence de sauvetage, les créanciers (banques, fonds d’investissement et autres fonds de pension) sont également touchés, et les faillites se répercutent en chaîne dans le système.
Ce qu’on ne doit pas perdre de vue, c’est que c’est une partie du patrimoine financier d’une minorité possédante de la population (créancière, donc) qui risque alors de disparaître. Pour ce qui est des comptes bancaires, la loi les protège jusqu’à 100.000€ par personne et par banque, et il est difficile d’imaginer qu’on aille y piocher en premier[6] tant ce type de décision est inacceptable pour la population[7].
Ce ne sont donc pas les comptes courants qui sont le plus à risque, bien au contraire. Pourtant c’est bien par eux que sont justifiés les sauvetages bancaires comme ceux auxquels nous avons assisté entre 2008 et 2011.
2. LE PIÈGE DE LA CRISE FINANCIÈRE OU LA CAPTURE PAR LE DISCOURS DU CHAOS
Une des choses que l’on retient de la crise de 2008 c’est qu’il a fallu sauver les banques et que cela nous a coûté très cher : sur l’ensemble de l’Union Européenne, ce sont 1.400 milliards € qui ont été nécessaires pour recapitaliser les banques et couvrir leurs pertes, sans compter les centaines de milliards de garanties[8]. Nous n’avions pas d’autre choix, nous a-t-on dit. D’une certaine manière, c’est exact, mais ce sauvetage a été inconditionnel et uniforme et il a in fine permis de maintenir le statu quo. C’est la peur du chaos qui a été agitée cette fois-là et il y a fort à parier que le même spectre sera agité devant nos yeux lors de la prochaine crise financière. Éviter les écueils de 2008 et de la réponse politique à laquelle nous n’avons pas su résister suppose de comprendre comment et surtout pourquoi ce discours s’est imposé.
Résister à l’urgence
Nous pourrions dire “tant pis pour ces banques, laissons-les tomber“. Sauf que nous le savons bien : la faillite des banques par leur côté “banque d’affaire active sur les marchés financiers” c’est aussi la faillite des banques commerciales qui font partie des mêmes institutions. Lorsque la banque d’affaire fait faillite, c’est l’ensemble, banque d’affaire ET banque commerciale, qui fait faillite. Les comptes bancaires des particuliers et des entreprises au sein de ces banques ne sont alors plus accessibles, et plus aucun paiement (retrait, carte, virement) n’est possible pour les client∙e∙s des banques en faillite – pendant un certain temps au moins. Sans compter la perspective de faillites en chaîne parfois dépeinte comme un “effondrement total du système financier”. Il y a de quoi paniquer.
Le terreau est alors fertile pour faire accepter un “état d’urgence” qui nous prive de tout temps de réflexion. Nous nous retrouvons capturé∙e∙s dans une “alternative infernale”[9] qui nous donne le choix entre la peste ou le choléra, entre le chaos le plus complet ou un sauvetage immédiat par l’état.
Nous nous retrouvons coincé∙e∙s parce qu’il n’y a pas moyen de laisser tomber les comptes courants et l’épargne bancaire de la population, et parce qu’il est devenu inenvisageable de laisser les pertes des banques se répercuter sur les fonds de pension, les sicav et autres produits d’investissement, puisque cela aussi pourrait avoir un impact sur les petit∙e∙s épargnant∙e∙s. Et alors que nous sommes sous le choc et quelque peu sidéré∙e∙s, commence une série de mesures dont on ne réalisera la portée qu’une fois remis∙e∙s de nos émotions[10].
S’il peut être nécessaire de sauver les banques, il nous faut déconstruire dès à présent le discours du chaos qui cherchera à nous unifier derrière une menace commune alors qu’à l’évidence, selon où l’on se trouve dans la société, on n’affronte pas la situation avec le même point de départ.
Faire le tri
S’il peut être nécessaire de sauver les banques, il nous faut déconstruire dès à présent le discours du chaos qui cherchera à nous unifier derrière une menace commune alors qu’à l’évidence, selon où l’on se trouve dans la société, on n’affronte pas la situation avec le même point de départ. Cette inégalité de situation se doit d’être au cœur de notre pensée de la crise et de sa résolution.
Si l’on ne fait pas le tri entre qui voit ses capitaux sauvés et qui les perd, on sauve tout le système financier, en ce inclus ceux qui en ont bien profité jusque-là et pourront continuer allègrement à extraire de la valeur des sols, de notre travail et du vivant en général pour leur profit personnel. En d’autres termes, un sauvetage indifférencié encourage le maintien d’un système défaillant qui ne cesse d’accélérer le creusement des inégalités et la dégradation des conditions d’existence sur terre. C’est le cas depuis 2008, les réformes du système financier n’ayant mené nulle part[11].
Faire le tri permet d’une part de diminuer la facture du sauvetage et, d’autre part, de restaurer une forme de justice sociale. En d’autres termes, on doit se permettre de faire la différence entre une personne qui, si elle perd les montants qu’elle avait investis directement ou indirectement dans la banque, pourrait voir se dégrader ses conditions d’existence dans des domaines essentiels (logement, santé…) et une personne pour qui les choses ne changeront pas fondamentalement puisque la perte ne représente qu’une partie de son patrimoine et que cette perte ne l’empêchera pas de maintenir des conditions de vie privilégiées.
Certes c’est un sujet délicat, mais nous n’avons pas d’autre choix que de l’affronter et donc de confronter les intérêts en place à la nécessité de la situation. Cela suppose que nous puissions construire et maintenir un rapport de force suffisant et pendant suffisamment de temps, et que nous acceptions l’idée qu’il y aura destruction inévitable de capital, que ça ne signifiera pas nécessairement destruction de valeur et que cela pourra même devenir une opportunité. Pour cela, nous devons en parler concrètement et plus largement, au sein des mouvements militants, associatifs et syndicaux. Nous devons nous raconter d’autres histoires que la répétition des mêmes défaites.
3. RETROUVER UNE PRISE SUR LES ÉVÉNEMENTS
L’acte de sauvetage est un acte de socialisation dont nous pouvons tirer parti. À partir de 2008, les rachats, dans l’urgence, de banques en faillite par les États auraient pu être le début d’une renaissance d’un secteur public bancaire en Europe : la Grande-Bretagne rachetait la Royal Bank of Scotland, l’Espagne, Bankia, la Belgique, Fortis et Dexia Banque Belgique (ex-Crédit Communal devenu Belfius). Et il y en a eu d’autres. Cela dit, les discours gouvernementaux ont été uniformes : le rachat serait suivi d’une restructuration aux frais de l’État et d’une revente à des intérêts privés[12].
En cas de crise financière, d’autres sauvetages bancaires sont à envisager. Alors pourquoi ne pas nous donner les moyens d’aller au bout de la possibilité qu’il comprend ? Certes, défaire un tel sac de nœuds demande plus d’efforts qu’un sauvetage indifférencié, mais cela en vaut largement la peine. Voici quelques possibilités en ce sens :
- Un rachat des activités de banque commerciale à l’euro symbolique : lorsqu’une banque est au bord de la faillite, elle n’a plus aucune valeur sur le marché et ses actionnaires ne sont pas dans une position de négociation favorable. Il est donc possible alors de racheter une banque pour 1€ symbolique. Cela n’a rien d’une proposition fantaisiste : en Espagne, l’État a ainsi vendu Banco Populare à la banque internationale Santander au prix de 1€. Il reste ensuite bien sûr des coûts à assumer pour remettre la banque sur pieds – et c’est déjà là qu’un tri doit être fait : qui parmi les créanciers récupérera sa mise, qui perdra et dans quelles proportions.[13]
- Mettre les activités de marché en liquidation judiciaire. Cette proposition demande, comme les autres, à être précisée et travaillée car, là aussi, il faudra être en mesure de faire le tri entre les créanciers : qui pourra être indemnisé∙e et comment, et qui perdra une partie ou totalité du capital investi. Il s’agit d’éviter à tout prix de reproduire la catastrophe du cas Dexia : en 2011, en pleine débâcle, la Belgique acquérait Dexia Banque Belgique (la future Belfius) et gardait, avec la France et le Luxembourg, la maison-mère, chargée de titres financiers invendables (Dexia SA). Dexia SA est encore et toujours entre les mains des États et ce n’est pas un cadeau : à plusieurs reprises ils ont réinjecté plusieurs centaines de millions d’euros et les garanties accordées par la Belgique (40 milliards € !) viennent d’être prolongées alors qu’une crise financière pointe. Plutôt qu’une “gestion en extinction” étalée sur des années, aux frais de la population, il faut donc envisager une faillite dont les coûts seraient assumés par les plus gros prêteurs.
- Une exigence de socialisation effective : sauver une banque, c’est en devenir propriétaire et reprendre la maîtrise de fonctions d’intérêt public. Il conviendra d’affirmer immédiatement que le sauvetage sera suivi d’une redéfinition de la mission de la banque et d’une mise sous contrôle citoyen pour que ces activités soient effectivement remises au service de la population et qu’elles répondent à ce que l’époque exige (situation sociale et écologique).[14] Et qu’on ne nous dise pas, qu’on ne se dise pas, que c’est impossible !
Avant que la crise n’advienne : renforcer ce que nous avons déjà et dé-privatiser
En matière bancaire, il s’agirait de rétablir, dès aujourd’hui, un secteur bancaire public et coopératif. Il est démontré, tant par l’histoire pré-années 1980 que par l’examen de la situation dans des pays où le secteur bancaire public est encore fort[15], que celui-ci amortit le choc des crises et permet aussi une meilleure accessibilité aux services bancaires (réseau d’agences, disponibilité des employé∙e∙s, accès aux services de base pour toutes et tous) et un appui aux politiques publiques (transition énergétique, financement d’infrastructures, etc.) à des conditions plus favorables.
En Belgique, la banque Belfius est détenue à 100% par l’État depuis son rachat-sauvetage. C’est une des premières banques du pays par la taille et c’est aussi (de par son héritage du Crédit Communal) la première banque des communes. Malgré des annonces répétées ces dernières années, les gouvernements successifs ont échoué à revendre la banque. Ce n’est certes pas grâce à l’opposition de la population et des associations et syndicats, restée marginale à ce jour, mais nous pouvons quand même nous réjouir de cet échec. En Belgique[16], la plateforme Belfius est à nous, qui rassemble une quarantaine d’organisations belges continue d’intervenir à ce sujet, avec l’ambition d’aller au-delà de la seule opposition à la privatisation de la banque[17] et de travailler concrètement à des propositions de transformation de la mission de la banque, de son organisation et de ses structures de contrôle.
Des transformations de taille sont nécessaires si l’on veut se protéger des crises financières à venir. Elles supposent de se détacher des marchés financiers, de retrouver une autonomie d’investissement et de production en-dehors de ces marchés. Pour cela, il nous faut disposer de systèmes de financement à même de soutenir la reprise en main de l’outil de production par ceux et celles qui le font fonctionner et l’utilisent ; il nous faut rétablir, pleinement et à contre-courant des tentatives dangereuses qui se trament, le système de retraite par répartition fondé sur la cotisation ; il nous faut redonner toute sa place à la sécurité sociale, refaire du logement social une priorité. Autant de moyens de se passer des banques et des marchés financiers, de se libérer de leur emprise, et de se donner la liberté et le pouvoir de les abandonner. Aller en ce sens revient à reconquérir la sphère du commun et le moment d’une crise pourrait permettre une accélération en ce sens, pour une fois.
Aline Fares,
Crise financière à venir : faire dérailler le scénario du désastre[1]
[1] Première parution dans le journal de Bruxelles Laïque (Bruxelles Laïque Echos) décembre 2019, à consulter en ligne ici. La version publiée ici est une version légèrement augmentée.
[2] Exemple de titre de journal parmi d’autres du même genre, ici L’express Business, septembre 2017.
[3] Selon une étude de l’université d’Anvers menée en collaboration avec la KU Leuven et l’université de Liège publiée en 2016.
[4] Données de la Banque centrale européenne (BCE). Parmi les 5 plus grandes, BNP Paribas, HSBC et Deutsche Bank sont bien connues en Belgique. Le Crédit agricole français et la banque espagnole Santander le sont moins, d’où le choix des exemples cités dans le corps de l’article.
[5] Pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui pourvoient environ 2/3 des emplois dans des pays comme la France et la Belgique, les banques sont d’ailleurs la première source de financement. Voir la synthèse de la Commission européenne sur l’accès des PME au financement.
[6]Voir l’exemple de Chypre en 2013 : la ponction sur les comptes de moins de 100.000€ proposée par la Commission Européenne avait été rejetée par le Parlement.
[7]Cela ne garantit pas qu’ils seront entièrement accessibles. Voir les limitations de retraits imposés aux grec.que.s (60 euros par carte et par jour) au cours de l’été 2015.
[8]Source: données de la Commission Européenne
[9]Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, La sorcellerie capitaliste, Éditions La découverte
[10] Naomi Klein, La stratégie du choc.
[11] Vu l’ampleur du désastre économique, social et écologique, et vu la menace de prochaine crise financière, nous ne mentionnerons pas les réglementations mises en place depuis 2008 qui, malgré – ou plutôt à cause! – de leur épaisseur (des dizaines de milliers de pages de réglementations européennes et nationales) n’ont rien modifié des problèmes de fond posés par le système bancaire et financier actuel. Des députés français en sont encore à tenter de s’opposer au peu qui a été mis en place, voir la réaction de l’ONG Finance Watch à la résolution discutée le 7 janvier 2020 à l’Assemblée Nationale.
[12] Ce projet a bien souvent été mis en pratique avec des pertes financières colossales pour les états, comme dans le cas de RBS. Voir la campagne d’associations britanniques à ce sujet (en anglais).
[13] La question de l’indemnisation des petit∙e∙s actionnaires doit aussi être posée.
[14] A ce sujet, voir l’article “Financer un autre monde : la possibilité d’un secteur bancaire socialisé” (2019) et le numéro très complet de la revue Les Autres voix de la planète consacré à la socialisation du secteur bancaire (2018), avec – entre autres – des contributions de Patrick Saurin (Syndicat Sud), Eric Toussaint et Chiara Filoni (CADTM), et Aline Fares.
[15] Voir par exemple la publication académique, en anglais, coordonnée par Christoph Scherrer, Public banks in the age of financialization (2018) et la publication réalisée par le Transnational Institute, TNI, Public banks for the future we want (2019)
[16] En Belgique comme dans de nombreux pays comme l’Italie ou la France, le secteur bancaire coopératif a été activement détruit ou dévoyé (entrant dans des logiques de maximisation du profit). On voit ressurgir un intérêt pour la forme coopérative (qui met donc la participation et l’intérêt des usager∙e∙s au centre de ses pratiques, et non plus la rentabilité du capital investit par les propriétaires) en matière bancaire. Ainsi, le succès rencontré par le projet de création de la banque NewB en Belgique à la fin de l’année 2019 montre la nécessité de repenser et refonder le secteur bancaire. Nous soutenons toutefois ici que la socialisation du secteur doit demeurer une priorité vu sa capacité bien plus rapide et vaste de transformation du secteur.
[17] Pour des arguments en faveur d’une banque publique sous contrôle citoyen en Belgique, voir l’article publié par l’observatoire belge des inégalités, inegalites.be – ongelijkheid.be, “Une banque publique pour les habitants et habitantes de Belgique“, Aline Fares