La rage de la justice

À l’heure où une grande figure féminine vient de mourir, Ruth Bader Ginsburg, 87 ans, avocate, juriste, universitaire et juge américaine, membre de la Cour suprême des États-Unis, reconnue pour sa défense des libertés civiles et combattante féministe, l’idée est venue de parler d’une autre grande dame, Gisèle Halimi, 93 ans, avocate également, en bataille perpétuelle contre les discriminations et porteuse des droits des femmes à égalité avec ceux des hommes. Toutes deux ont montré activement une foi inébranlable en la démocratie et ses idéaux.

Une soif de justice et une détermination exceptionnelle, Gisèle Halimi (1927-2020) en a fait preuve à 10 ans déjà avec une grève de la faim pour obtenir de ne plus servir ses frères adulés par son père.

Douée à l’école mais non soutenue et même contrée par ses parents dans ses aspirations à échapper à un destin de fille tout tracé, la jeune tunisienne doit se débrouiller pour suivre des études. Elle obtient une bourse et s’en va à Paris où elle trouve un boulot de nuit pour assumer le coût de ses études de droit et de philosophie. La robe d’avocate sur les épaules, toisée de haut en bas par des regards amusés ou paternalistes, il lui faut travailler deux fois plus en tant que femme, connaître ses dossiers jusqu’à la dernière virgule pour que ses collègues et ses supérieurs, peu habitués à voir une jeune femme au prétoire, la considèrent enfin comme une des leurs.

 

Combattante à vie