#8mars : un féminisme offensif à Rennes !

Contre les violences sexistes, le travail domestique (non-rémunéré) qui pèse sur les femmes, et les inégalités salariales entres hommes et femmes, ce vendredi 8 mars près de 600 personnes se sont mobilisées à Rennes !
Elles ont profité de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et de la grève féministe qui avait lieu en Belgique comme en France, pour dénoncer toutes ces injustices comme découlant d’un même système d’oppression : le patriarcat.

Ainsi par-delà la traditionnelle marche syndicale, refusant le paternalisme d’une préfecture qui préfère que les femmes restent à leur place, un cortège en mixité choisie sans hommes cis a pris la tête de manifestation pour refuser de s’arrêter au bout d’1km de marche comme cela avait été autorisé.

Malgré le fort encadrement policier la manif a alors continué, longeant le centre-ville en quête d’une opportunité de revenir dans un centre dont les politiques semblaient avoir décidé de les éloigner… Plusieurs tags ont alors fleuri sur les vitrines de magasin de mode, pour dénoncer les normes sexistes véhiculées et l’usage du corps des femmes à des fins commerciales !

Après avoir tenté à plusieurs reprises de bloquer le cortège, la police a finalement chargé et matraqué la fin de manifestation sur l’esplanade Charles de Gaulle pour s’emparer d’un caddie rempli de dangereux cookies végan. Gardiens de l’ordre patriarcal vous avez dit ?

Louis Paul

 

Pour un 8 mars offensif !

 

Depuis la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg en 1917, la date du 8 mars est reprise comme la « journée internationale des femmes ». Faisons-en ensemble une journée de la lutte féministe ! Les organisations syndicales appellent à une mobilisation nationale autour des inégalités au travail, mais notre lutte ne s’arrête pas là.

Pour un féminisme intersectionnel

Le patriarcat, le capitalisme et le racisme sont des constructions historiques et sociales qui s’autoalimentent. Ils sont à l’origine des schémas de domination qui nous oppriment toutes et tous de manière différente selon notre genre, sexualité, race, religion, âge et classe sociale.

C’est pourquoi nous revendiquons un féminisme intersectionnel : anticapitaliste, antiraciste, antiputophobe, antiLGBTQ+phobe et anti-islamophobe.

Le patriarcat s’étend sur tous les espaces sociaux et se ressent sur tous les aspects de nos vies : sur les lieux de travail mais aussi les lieux d’études, le cercle familial et amical, les institutions, le corps médical, les espaces publics, nos sexualités…

Non à la domination au travail

Nous sommes les premières touchées par la précarité au travail, les différences de salaires et de considération. Dans ce cadre, nous sommes également les plus susceptibles de subir tout type de violences : harcèlements, abus, agressions … Les rôles de care nous sont assignés à la fois dans la sphère domestique et professionnelle (ex : ménage, garde d’enfants, métiers du soin, etc.) et nous maintiennent dans une position de dominées.

Non aux violences sexuelles et sexistes

La domination masculine passe par le contrôle des corps et génère des violences sexuelles et sexistes réaffirmant l’ordre social. Agressions, harcèlements et viols n’en sont que les exemples les plus brutaux et visibles. Mais d’autres manifestations plus insidieuses de cette oppression existent à travers le sexisme ordinaire (ex : injonction à la maternité, représentation de la femme dans la culture, dans l’humour, dans la pub, paternalisme, etc.).

Non aux violences médicales, obstétricales et au contrôle des corps

Aujourd’hui encore, nous subissons des pressions sur la manière de gérer nos corps, notre sexualité et nos pratiques à travers l’humiliation et la culpabilisation autour de la contraception, de l’IVG, des pratiques sexuelles. Le corps médical en imposant des normes sexistes, hétérocentrées et ciscentrées, nous dépossède des choix sur nos propres corps (pathologisation, médicalisation, psychiatrisation des parcours LGBTQ+, mutilation des personnes intersexes, épisiotomie imposée, « point du mari », etc).

Contre le système carcéral et judiciaire

Le système carcéral et judiciaire est un outil perpétuant notamment les oppressions sexistes, capitalistes et racistes et ne constitue jamais une solution aux violences patriarcales. Nous devons subir refus et humiliation des policiers lors des dépôts de plainte, remise en cause de notre intégrité et de la véracité de nos propos, un système de preuve traumatisant (ex : répétition du récit des faits, jugement et intrusion dans l’intimité, examen gynéco imposé, …). Les victimes de violences sexuelles et sexistes sont dépossédées de leurs choix par rapport à leur agresseur. Le système carcéral et judiciaire est l’ennemi de toutes les personnes dominées. C’est pour cela que nous refusons tout recours à la justice.

Pour des pratiques collectives

  • Soutenons le cortège de tête en mixité choisie sans hommes cisgenres : nous refusons toute récupération et réappropriation de nos luttes !
  • Refusons tout service d’ordre : débordons toutes les autorités !
  • Acceptons les différentes modalités d’action et refusons la dissociation !
  • Refusons la présence des agresseurs au sein de nos espaces de lutte sans remettre en cause la parole des victimes !

Non aux violences médicales, obstétricales et au contrôle des corps !

Luttons ensemble, rejoignez-nous dans la rue pour un féminisme offensif !

 

POURQUOI NOUS SOMMES ANTI-SEXISTES

~ Qu’est-ce que le sexisme ?
C’est une structure sociale de domination fondée sur le genre*, une organisation de société dans laquelle le masculin domine. Et surprise : notre société n’y échappe pas. Pour nous, le sexisme atteint toute personne subissant des discrimations, violences et injonctions à cause de leur identité de genre ou de préférences affectives et sexuelles : femmes, personnes ne correspondant pas aux archétypes de la masculinité, ne se retrouvant pas dans l’hétérosexualité, etc.

*Le genre est une construction sociale qui crée une différence et une hiérarchie entre masculin et féminin. Notre genre a une influence sur notre statut et nos relations sociales : pour nous, femmes et minorités sexuelles, il est source de violences. Mais c’est aussi un outil politique qui permet d’analyser la domination masculine pour, à terme, s’en émanciper.

~ Contre la conception binaire homme/femme :
Nous refusons l’essentialisme, idée selon laquelle hommes et femmes sont différents par nature. Il s’agit de constructions, qui bougent historiquement et dont on peut assouplir les limites. La catégorie “femmes” n’est donc pas satisfaisante : elle peut sembler trop figée, nous enfermer encore dans un statut. Mais on peut se réapproprier ce groupe “femmes” comme une classe politique, revendiquer cette identité pour lutter ensemble – tout en laissant la possibilité à tous.tes d’auto-définir leur identité de genre. C’est ton corps ta vie, c’est toi qui décides.

~ Comment reconnaître un masculiniste :
Le patriarcat est une structure sociale qui dépasse les individus. On vit tous.tes dans ce cadre sans l’avoir choisi. Mais il est aussi incarné par certains individus : les masculinistes, virilistes et celleux qui reprennent leurs argumentaires. A des degrés divers de violence, iels utilisent pour rendre notre parole inaudible :
– des “blagues” dépréciant les femmes et les personnes queer.
– une dévalorisation ironique des luttes féministes ou une rhétorique “vous devriez protester moins fort, vous êtes hystériques, vous faites chier.”
– des insultes répétées, du harcélement sur internet : hello la ligue du LOL ainsi que nos commentaires Facebook favoris “physique de femelle fragile, t’as pas mangé assez de steaks”, “tu devrais essayer les vidéos YT “when men hit back”.
Les formes les plus extrêmes de cette violence sexiste (agressions physiques, violences physiques et psychologiques, viols) sont des moyens en plus pour eux de réaffirmer l’ordre social et sexuel.

~ Être offensives, une nécessité :
Puisque les masculinistes en face de nous utilisent ces moyens pour asseoir leur domination et nous faire taire, et que les autres restent silencieux.ses, nous devons lutter encore plus fort. Nous voulons être offensives parce que c’est la seule stratégie qui fonctionne.

Être offensives, c’est sortir du stéréotype des femmes dociles, des règles de la “féminité” qu’on nous inculque depuis qu’on est nées. Nous défendons la subversion : sortir de ces rôles féminins pour prendre la place qu’on veut dans la société, protester activement contre tout ce que l’on subit.

Les défenseur.ses du patriarcat nous mettent en danger. Être offensives, c’est se défendre face à tout ça.

Pour finir, toutes les recommandations moralisatrices sur les moyens par lesquels on devrait lutter (“faites plutôt des pétitions”, “n’accusez pas de viol si vous n’êtes pas allées voir la police avant”…etc) sont un moyen de préserver l’ordre social ou d’y aller mollo. Nous, on est pressé.es, on veut tout changer maintenant. Alors on décide nous-mêmes, personnes dominées et leurs allié.es, en discutant entre nous.

Rejoignez les luttes anti-sexistes !
Restons déter, restons solidaires !

Collectif d’Action Anti-Sexiste (CAAS)