Vers un nouveau paradigme monétaire ?

Dépôts bancaires pénalisés, taux d’intérêt à zéro, emprunts d’Etat à taux négatif, politique monétaire non conventionnelle, cours de bourse au sommet, cours de l’or qui s’affole, etc. Étrange paysage monétaire et financier ! Totalement inconnu et par conséquent inquiétant. N’annonce-t-il pas l’émergence d’un nouveau paradigme monétaire ?

De la victoire face la crise financière…

La crise financière mondiale de 2008, dite « des subprimes », trouve son origine dans le secteur bancaire américain et a explosé à la suite des très nombreux défauts de paiement de crédits hypothécaires à taux variables qui avaient été abusivement accordés à des populations aux revenus modestes. Le refinancement de ces prêts auprès d’institutions financières du monde entier par des produits financiers dérivés a instantanément entraîné sa propagation mondiale.

Cette crise financière a failli déboucher sur la crise économique la plus grave de tous les temps par la rapidité de sa diffusion et la vitesse du ralentissement économique qu’elle a entraînée. Seules les actions des Banques centrales associées à celles des autorités publiques ont permis d’éviter une catastrophe majeure. Face au danger, les Banques centrales ont engagé des « actions non conventionnelles » en accordant des prêts à long terme à taux préférentiels au secteur bancaire pour l’inciter à continuer à prêter à l’économie et en rachetant des gigantesques quantités de dettes publiques aux secteurs bancaire et financier. Pour mener ces actions, les Banques centrales ont créé de la monnaie et leurs bilans se sont considérablement enflés. Parallèlement, nombre d’États se sont endettés pour sauver leurs banques commerciales résidentes. Enfin, afin de garantir la solvabilité du secteur bancaire, les organismes de supervision ont mis en place au niveau mondial, via les accords de Bâle, un cadre prudentiel plus contraignant qu’auparavant.

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André Peters


[1] Ce qui contredit la théorie quantitative de la monnaie qui affirme qu’en cas d’augmentation de la masse monétaire, les prix s’envolent pour un niveau de production donné. En réalité, seuls les prix des actifs (immobiliers et titres financiers) ont considérablement augmenté. On a donc assisté à un découplage de l’inflation entre monde réel et monde financier.
[2] Hiérarchie dans laquelle les Etats et le secteur privé s’endettent auprès des banques commerciales et elles-mêmes se refinancent auprès des Banques centrales.
[3] Dans la culture juive traditionnelle, le jubilé, fêté tous les 50 ans, amenait la rémission des dettes et la libération des esclaves. En termes contemporains, on dirait plutôt « le grand reset » ou « la réinitialisation du système ».
[4] A l’heure actuelle, il s’agit de plus de 2.600 milliards d’euros.
[5] Notre système monétaire, basé sur la logique bancaire, crée et détruit de la monnaie à la vitesse de l’octroi et du remboursement des prêts (un prêt = une création de monnaie et un remboursement = une destruction de monnaie). La monnaie est donc temporaire. Une injection de monnaie qui ne doit pas être remboursée se traduit alors par la création d’un stock de monnaie permanente qui peut circuler à perpétuité. Dans le passé, les systèmes monétaires basés sur l’or étaient des systèmes à monnaie permanente puisque l’or n’est la dette de personne.
[6] Cette dernière serait par définition réservée au secteur public.

 


By André Peters

Vivant dans la périphérie bruxelloise, André Peters se dit être « ket van Brussel et fils d’ouvrier ». Cadre à la Banque Nationale de Belgique en tant qu’analyste-statisticien, il est en charge de dossiers transversaux dans différents domaines : statistiques financières, balance des paiements et comptabilité nationale, méthodes statistiques d'estimation des revenus, principalement des dividendes et des intérêts, échanges de données entre institutions financières internationales. Il a été conseiller d’une ministre bruxelloise sur les matières budgétaires, finances publiques, statistique, informatique, fonction publique et organisation dans différents secteurs sociaux de la fédération Wallonie-Bruxelles (aide à la jeunesse, jeunesse et aide aux détenus), de la Cocof, (personnes handicapées) et de la Commission communautaire commune (Maisons de retraite bicommunautaires). Se présentant comme « sociologue de la monnaie », il travaille à de nouvelles règles indispensables au financement et à la réalisation de la transition écologique et solidaire