Je devais avoir 15 ans. Une après-midi, quelques copains et moi avons brossé les cours du Collège pour nous retrouver dans un cinéma du Boulevard Tirou à Charleroi. Durant la première partie de la séance, la salle projetait un documentaire sur la libération des camps de concentration. Je me souviens être resté cloué d’horreur dans mon fauteuil, tétanisé par les images dont celle d’un bulldozer charriant des cadavres. Cette vision m’a marqué, durablement. Je me suis beaucoup intéressé depuis à cette période de l’histoire, essayant de comprendre pourquoi et comment l’homme avait pu en arriver à ce trou noir de l’humanité : nier à l’autre le droit d’exister et l’exterminer pour la simple raison qu’il est. J’ai réalisé que le Mal existait, que son chemin passait par la haine, la peur, la fringale d’exercer un pouvoir absolu. J’ai compris qu’il se lovait au coeur des religions et des idéologies chaque fois que nous leur abandonnions le soin de croire, de critiquer, de questionner, de nous informer, bref quand nous abdiquions notre liberté de pensée.
Je me suis réjouis de la construction de l’Europe, ce phare perçant la nuit et le brouillard, de voir Willy Brandt tombant à genoux au ghetto de Varsovie, Mitterand et Kohl marcher main dans la main à Verdun… Et de tant d’autres témoignages de nos valeurs profondes.
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