Comment gérer la pandémie ? Que va-t-il se passer après elle ? D’aucuns pensent que la crise du coronavirus nous conduira spontanément à une prise de conscience vertueuse concernant les impasses de la globalisation anarchique. Ils rêvent d’une sortie de crise qui serait, d’un seul élan, une sortie du capitalisme dérégulé qui nous est imposé.
On peut douter de cet optimisme. Aucune sortie du capitalisme ne se profile à l’horizon. Et les tendances politiques autoritaires et populistes sont malheureusement immunes au coronavirus. Cette crise ne porte pas, en elle-même, une seule issue politique normale, automatique et rationnelle. Les démocraties vont être mises à rude épreuve, non seulement par la crise sanitaire mais aussi par la crise économique qui va suivre.
L’Europe n’est pas dépourvue d’expérience historique en matière de crises. Elle y a répondu, après 1945, par un modèle de complémentarité fonctionnelle entre État et capitalisme. L’architecture de l’État social peut, moyennent une courageuse reconstruction, inspirer une réponse originale à la crise contemporaine. L’économiste Eloi Laurent a raison quand il dit que « la leçon la plus utile de ce début de crise est aussi la plus universelle : l’État providence est l’institution stratégique du XXIe siècle »1. Cependant, l’État social n’est pas, loin s’en faut, le seul modèle de sortie de crise qui soit aujourd’hui disponible. Il est concurrencé par deux autres modèles, désormais dominants : le modèle autoritaire, et le modèle libéral-populiste.
Le capitalisme autoritaire d’État
La première réponse à la crise est celle du capitalisme autoritaire d’État. Elle conjugue un mode de gouvernement autoritaire, centralisé avec un capitalisme offensif. C’est le cas, notablement, de la Chine ou de la Russie.