Le but de l’action du 4 mai était de montrer à quoi pourrait ressembler un réel débat démocratique qui ose une question « radicale » : « 5G STOP ou encore ». Pour ce faire, quelques dizaines de personnes s’étaient réunies en assemblée citoyenne spontanée devant l’immeuble d’Agoria, une puissante structure organisationnelle qui se veut un centre d’expertise concernant les nouvelles technologies. Agoria est l’organisation la plus déterminée à imposer le réseau 5G le plus rapidement possible.
C’est donc sur le trottoir, face à Agoria que des citoyens s’étaient donné rendez-vous pour lancer des débats qui abordaient les divers aspects de la mise en place d’un réseau 5G. Il avait fallu négocier avec la police pour permettre aux différentes « bulles » de 10 personnes de rester une partie de la journée et discuter des différents enjeux de la 5G face à un comédien représentant Agoria et le monde des patrons pro-5G.
qui a pour objectif de doter les citoyens d’outils pour se mobiliser contre cette technologie, dans leur rue, leur quartier, leur commune… et pour interpeller les mandataires communaux. En effet, le débat démocratique doit inclure tous les niveaux de pouvoir concernés par la question sociétale de l’implantation d’un réseau 5G.
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Informer avant de débattre
Le site de Territoiresans5g.be propose une série d’informations de base.
Environnement et énergie : les conséquences de la 5G sur la consommation d’énergie et de ressources minérales sont mal connues, car il s’agit là d’une nouvelle technologie et les opérateurs ne délivrent pas ce qu’ils considèrent comme des « secrets d’affaires ».
Trois types d’impact sur l’environnement
On peut cependant identifier et estimer trois types d’impact sur l’environnement : exploitation des ressources minérales, consommation d’énergie liée à la fabrication et aux technologies, consommation d’électricité lors de l’usage. Toutes ces activités produisent une croissance rapide des émissions de gaz à effet de serre.
Des personnes électro-hypersensibles
Santé physique et mentale : depuis 1990, des personnes se plaignent de l’apparition de différents symptômes au contact des téléphones portables et des antennes nécessaires à leur fonctionnement. Ces symptômes ont été décrits en 2006 par l’Organisation mondiale de la santé comme le « Syndrome des micro-ondes » qui
« comprend des symptômes exprimés par le système nerveux comme les maux de tête, la fatigue, le stress, les troubles du sommeil, des symptômes cutanés comme des picotements, des sensations de brûlure, des démangeaisons, des douleurs et des crampes musculaires ainsi que beaucoup d’autres problèmes de santé. » Les personnes en souffrance y sont décrites comme
« électro-hypersensibles » (EHS).
Capter un maximum de données
Surveillance et vie privée : En l’état actuel, la 5G pourra connecter toutes sortes d’objets achetés à des sociétés privées, tournant sur des systèmes d’exploitation privés, avec des applications privées, sur des réseaux privés. Toutes ces sociétés privées tenteront de capter un maximum de données. C’est à cette machine d’extraction et d’exploitation des données que la 5G donnera un coup d’accélérateur. À moins de limiter drastiquement notre usage du numérique ou d’utiliser massivement des programmes libres à code source ouvert, de généraliser le chiffrement et d’auto-gérer des réseaux de télécommunication,
Démocratie : le déploiement de la 5G est imposé sans transparence et n’est pas démocratique.
Passer à l’action
Communes « sans 5G »
Mais le collectif propose aussi des actions et des ressources (balades de repérage des dispositifs de surveillance et d’antennes, conférences, discussions avec des personnes-ressources…) et met du matériel à disposition (affiches, flyers…). Le site propose également des modèles d’interpellation et de motion à l’attention des citoyens et des mandataires communaux, prêts à déclarer leur commune « sans 5G » comme d’autres se sont déclarées « hors TTIP » ou « hospitalière ». Les communes participantes s’engagent à réaliser toutes les actions en leur pouvoir pour empêcher l’implantation de la 5G ou, a minima, à demander un moratoire sur cette implantation. Il s’agit de prendre quatre engagements fondamentaux concernant le débat démocratique, l’environnement et l’énergie, la santé physique et mentale des citoyens et la protection de la vie privée. À ce jour, une quarantaine de communes bruxelloises et wallonnes ont déjà pris une position contre la 5G.
Une « commission délibérative » biaisée ?
Aucune connaissance préalable n’est requise
Alors que le déploiement de la 5G est prévu dans l’accord de gouvernement bruxellois et que ce déploiement se prépare activement (des arrêtés sont en phase d’adoption pour permettre un déploiement « légal » de cette nouvelle technologie), le Parlement bruxellois organise en ce mois de mai une « commission délibérative », composée de 45 Bruxelloises et Bruxellois tirés au sort et de 15 parlementaires. Leurs « débats » sont programmés au mois de mai. Cette commission délibérative, première du genre, a pour mandat de formuler des recommandations en réponse à la question suivante : «
La 5G arrive en Belgique. Comment voulons-nous que la 5G soit implantée en Région de Bruxelles-Capitale, en tenant compte de l’environnement, de la santé, de l’économie, de l’emploi et des aspects technologiques ? ». Aucune connaissance préalable n’est requise des membres de la commission délibérative. Des « personnes-ressources » sont en effet invitées à leur fournir «
une information complète, équilibrée et accessible sur les enjeux de la 5G. » Quels discours tiendront-elles, dès lors que de nombreuses données manquent à l’instruction du dossier, voire sont inconnues ou sujettes à vives polémiques ? Comment sera-t-il tenu compte d’une vive opposition citoyenne alors même que tout l’arsenal juridique et technique est mis en place pour son déploiement imminent ?
Le caractère inévitable de la 5G ?
La question à laquelle la Commission délibérative est invitée à répondre impose la soi-disant « urgence » et le caractère soi-disant inévitable de la 5G. Ce constat entre pourtant en contradiction avec le temps nécessaire aux études scientifiques, délai indispensable pour en démontrer ou non son caractère bénin sur la santé, mais également indispensable au « bon » exercice de la démocratie. Si le débat sur les normes d’émissions et le respect du principe de précaution en matière de santé occupe, à raison, une bonne partie de la place médiatique, les questions environnementales, sociales, éthiques et politiques que soulève la 5G n’en sont pas moins importantes et relèvent elles aussi d’un véritable choix de société.
Une trajectoire technologique imposée
Si ses promoteurs présentent la 5G comme une promesse de progrès technique, elle n’est pas pour autant un progrès social ou écologique. Il s’agit davantage d’une trajectoire technologique imposée par les industriels et leurs lobbies afin d’assurer leurs intérêts financiers sans autre regard pour les multiples effets délétères qu’elle induira.
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