Se sortir du stupide piège économique néolibéral de la croissance infinie pour tous (Partie I)

De quelques réflexions et indications de pistes possibles (Partie I)
Tout le système théorique (et pratique) de la pensée économique néo-classique-néo-libérale dominante s’écroulerait inexorablement
Dans ma 26ème chronique j’abordais le problème global principal concernant l’illusion largement entretenue et reconduite dans la pensée économique néolibérale dominante : la folle et chimérique croyance en une possible « croissance économique illimitée » pour tous en notre planète. J’y ai notamment établi le fait que sans cette idée de croissance infinie, tout le système théorique (et pratique) de la pensée économique néo-classique-néo-libérale dominante s’écroulerait inexorablement. Dès la 25ème, j’annonçais comment, pour se sortir de la crise endémique grave dans laquelle se trouve notre monde depuis au moins 2007-2008, il fallait impérativement revoir non pas juste nos procédures, techniques, modes opératoires… en matière d’économie (et gestion), mais bel et bien l’ensemble de l’édifice conceptuel construit depuis près de 2 siècles autour des idées dominantes en économie et donc en gestion. Il convient désormais, annonçais-je, de radicalement changer de mode de raisonnement et de pensée globale ; autrement dit radicalement changer de paradigme. J’y exposais également quelques raisons d’avoir à analyser un peu plus sérieusement et en profondeur, si le fait de se donner comme projet de société (mondialisée de surcroît !) le règne total et omnipotent du « Dieu Marché » était la chose la plus souhaitable pour les humains et pour la planète. Ainsi que quelques interrogations quant aux portées réelles des gigantesques dégâts (déjà largement incommensurables, irrattrapables en en progression quasi exponentielle) infligés jusque-là à nous et à notre Terre : en mesure-t-on, ne serait qu’une approximation, des portées immédiates et des conséquences encourues plus tard et à venir ?
De quoi nous parlent vraiment les sacro-saints PNB, PIB, Excédents, Déficits, Surplus, productivité, Efficacité, Croissance, « Progrès »… Dettes, Ratios d’endettement, etc.? 
Et enfin et non des moindres j’exposais moult interrogations quant à nos capacités à continuer à utiliser les mêmes instruments et mesures-indicateurs, dudit développement et du dit bien être général ? Autrement dit[1], de quoi nous parlent vraiment les sacro-saints Produit National Brut (PNB), Produit Intérieur Brut (PIB), Excédents (commerciaux, de balances, de budget…), Déficits, Surplus, productivité, Efficacité… et aussi bien entendu Croissance, « Progrès »… Dettes, Ratios d’endettement, etc. ?[2]

J’ai également, bien sûr et comme il se doit, évoqué des possibles solutions et mesures plus ou moins immédiates à prendre telle par exemple que la mise en arrêt de la croissance maximale tous azimuts. On m’a immédiatement reproché– à juste titre, mais on verra qu’il y a bien des « bémols » – d’ainsi condamner les moins nantis à stagner, ou pire à régresser. Lorsque j’aborderai plus loin les « pistes de solutions », on trouvera réponse à cet argument qui semble a priori tout à fait justifié, ainsi qu’à plusieurs autres objections.

 

Un radical changement de paradigme s’impose

Il est désormais plus que clair et évident que nous sommes en plein sous les effets de ce que j’ai analysé dans mon livre La stratégie de l’autruche, sous les concepts de « phase de surexploitation insoutenable », « baisse tendancielle des taux de profits » et « paupérisation mondiale générale ».[3] Or ces concepts appartiennent à un paradigme économique remontant (déjà) aux « classiques » (débuts du XIXème siècle), et particulièrement aux travaux de Karl Marx. Inutile de dire qu’ils sont aussi ignorés que non enseignés et frappés d’anathème depuis l’avènement du triomphe moderne et sans partage de la pensée économique néo-classique[4], issue des travaux de Léon Walras et la dite École de Lausanne qui a inauguré, lui, l’avènement d’une des plus grandes tares de l’analyse économique « moderne » et qui a enfanté plus tard de ce que l’on dénomme aujourd’hui « néolibéralisme » : la sur-mathématisation des théories et des raisonnements en économie[5].


By Omar Aktouf

Omar Aktouf   M.S. Psy.; M.S. Adm/Dév. Économique M.B.A et Ph.D. Management Professeur titulaire à HEC Montréal Membre fondateur du Groupe Humanisme et Gestion Membre permanent du Comité Scientifique de l'International Standing Conference on Organizational Symbolism, ainsi que de nombreuses revues internationales. Professeur invité permanent en Europe, Afrique, Amérique latine... Conférencier et Consultant senior international en plusieurs langues.