On apprend, ce 4 octobre 2018, que Ryanair vient de modifier les conditions générales des contrats qui lient la société à ses clients : « Tout différend qui découle de, ou est en relation avec, ce contrat est de la compétence des tribunaux irlandais. » De l’avis de tous les juristes, cette clause est totalement illégale et a pour seul but de dissuader les recours en justice des passagers qui, très nombreux, ont à se plaindre des désagréments qu’ils ont à subir (notamment suite aux annulations de vols provoquées par les mouvements sociaux résultant de la manière dont sont maltraités les travailleurs de cette multinationale). Encore une provocation arrogante de cette société, emblème d’un capitalisme décomplexé et sans vergogne, mais qui risque bien, comme le montre Claude Rolin dans l’article ci-dessous, de se retourner contre elle…
Des pratiques d’un autre âge
Une fois n’est pas coutume, c’est de la compagnie Ryanair que la bonne nouvelle est venue. L’arrogance et la prétention de son directeur général a permis une première historique: un mouvement de grève pan-européen qui a uni les travailleurs espagnols, hollandais, portugais, Italiens, belges et allemands. Cette alliance syndicale inédite a permis de poser un diagnostic sur la maladie qui ronge l’Union européenne de l’intérieur et la dirige progressivement vers les soins intensifs.
Dignes d’un autre âge, les pratiques de Ryanair démontrent que le libéralisme économique, lorsqu’il n’est pas régulé, mène à une impasse et engendre une régression sociale. Son PDG, Michael O’Leary est manifestement plus doué pour faire le buzz à coup de déclarations tapageuses que pour gérer une entreprise. Si le modèle low-cost pouvait laisser croire, à court terme, en son bien-fondé, on constate aujourd’hui qu’il est à bout de souffle.
En jouant avec les législations des différents États membres pour engranger un maximum de profit, Ryanair vole les travailleurs en dégradant leurs conditions et dévoie le projet européen. L’Union européenne n’est pas viable si elle tolère en son sein une concurrence sociale et fiscale. Il est inadmissible de laisser un opérateur spéculer sur le manque de cohésion européenne pour saborder les dispositifs sociaux nationaux. Cela aura toutefois le « mérite » d’en révéler les failles. En se comportant comme un maître chanteur, en menaçant de délocalisation les États et Régions qui ont accueilli sa compagnie, O’Leary nous invite à faire front et à résister collectivement. Plus que jamais, ce mépris pour les salariés et pour la concertation sociale rend impératif de dynamiser le syndicalisme à l’échelon européen.
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Claude Rolin