Comparer notre pays à ses voisins par le taux de chômage n’est guère pertinent: 7,9% contre 4,5 en Allemagne et 6,6 aux Pays-Bas (Eurostat, 12/2015). Ces chiffres donnent à penser que moins de 10% de la population dite active seraient sans emploi.
Mieux vaut comparer les taux d’activité (pourcentage de personnes de 15-64 ans qui exercent effectivement une activité professionnelle): 61,9% en Belgique contre 73,8 en Allemagne et 73,1 aux Pays-Bas (Eurostat, 2014). Ces chiffres indiquent que plus de 25% ne sont pas « en emploi », mais ils incluent de nombreux étudiants.
La proportion des personnes travaillant à temps partiel fausse les comparaisons.
En effet, alors que la Belgique compte 24% de travailleurs en temps partiel (Eurostat, 2014), l’Allemagne en compte 27,5% et les Pays-Bas en comptent 50,1%. Ces chiffres pour l’Allemagne, et surtout pour les Pays-Bas, font chuter significativement leur taux de chômage et augmenter leur taux d’activité!
Il faudrait comparer les « taux d’activité en Equivalents Temps Plein (ETP) ». Mais Eurostat ne publie pas ce taux qui comparerait effectivement par pays le rapport réel entre activité et non-activité dans chaque pays.
Les calculs ont été effectués par Jean-Marie Perbost en 2011 sur base de chiffres de 2008. Ils n’ont plus de valeur absolue aujourd’hui, mais ils restent révélateurs sur les distorsions introduites par les calculs classiques des taux de chômage et taux d’emploi.
On voit clairement que pour l’Allemagne le taux d’emploi chute de 10% lorsqu’on le calcule en ETP et que l’écart avec la Belgique se réduit sensiblement. Pour les Pays-Bas qui détiennent le record du travail à temps partiel, la chute du taux d’activité est encore plus spectaculaire: de 77 à 59 %, c’est-à-dire très près de notre taux d’activité ETP : 57,5% la même année!
Conclusion
Le rapport réel entre activité et non-activité (calculés en ETP) est beaucoup moins variable d’un pays à l’autre que ne le sont les taux de chômage et d’emploi classiques.
Tous les pays comptent plus de 30% de non-activité dans la population de 15+64 ans.
Le partage de l’activité, entre actifs en emploi ou en recherche d’emploi, n’en est que plus indispensable.
La Réduction Collective du Temps de Travail (RCTT) est sans doute la voie royale pour atteindre un partage équitable de cette activité.