À noter qu’en 2019, notre pays se plaçait à la 4e place des saisies mondiales par pays. En 2021, près de 90 tonnes de cocaïne ont été saisies rien que dans le port d’Anvers pour une valeur de 2,7 milliards d’euros au prix de gros (jusqu’à deux fois à la revente). Cela représente un record jamais égalé auparavant sur notre territoire.
Depuis quelques années, nous entendons fréquemment parler d’affaires liées aux trafics de stupéfiants dans le port d’Anvers. Le 18 octobre dernier, la douane belge saisit 6 tonnes de cocaïne dans deux conteneurs-citernes en provenance du Suriname, une très importante saisie estimée à 180 millions d’euros (calculée à partir d’un prix de gros de 30 000 euros le kilo). Ceci reste pourtant deux fois moins que la saisie record du 27 octobre 2020 où la douane et la police judiciaire fédérale ont saisi 11,5 tonnes de cocaïne dans un conteneur en provenance de Guyane suite à une enquête ayant mené au démantèlement d’un réseau criminel opérant entre l’Amérique latine et la Belgique.
Ces chiffres peuvent être difficile à se représenter. Ils montrent pourtant bien une hausse continue du trafic de cette poudre blanche à destination des narines européennes.
Selon Laurent Laniel, spécialiste des marchés de la drogue, dans une interview accordée au magazine « Le Point »,¨ : “il y aurait une véritable volonté d’inonder l’Europe de cette substance.” Quand l’on sait les sommes considérables qui pèsent dans la balance, l’on comprend pourquoi des trafiquants de mieux en mieux organisés s’associent pour acheter la cocaïne à prix réduit auprès des cartels sud-américains en la faisant passer par les grands ports européens (tels que le port d’Anvers, de Rotterdam, du Havre ou encore de Gioia Tauro en Italie).
Ci-dessous, un tableau récapitulatif des saisies sur les dernières années. A noter qu’entre janvier et juin 2023 seulement ce sont “plus de 43 tonnes de cocaïne, 2.800 kilos d’héroïne et 161 kilos de MDMA” qui ont été saisis dans le port d’Anvers. Ces chiffres représentent une augmentation de 21% par rapport à la même période en 2022.
L’exemple phare de ce type d’association mafieuse se trouve dans le cartel formé par Ridouan Taghi (hollandais), Edin Gacanin (bosniaque), Daniel Kinahan (irlandais) et Raffaele Imperiale (italien). Ces 4 boss issus de différentes familles mafieuses se sont associés lors d’une réunion à Dubaï en 2017. Ce cartel aurait contrôlé jusqu’à un tiers du marché en Europe. Il sera finalement démantelé après l’arrestation de R.Taghi et R.Imperiale sans pour autant mettre un frein au trafic.
C’est un univers où la violence est acceptée, voir valorisée. Où la corruption est un mode d’action nécessaire. Où les intérêts communs créent des connivences entre le milieu affairiste, politique et criminels. La mafia n’est pas une organisation, c’est une manière de s’organiser en vue d’acquérir pouvoir et richesses au détriment du bien-être commun et des valeurs humaines.
Cette association mafieuse multi-ethnique partageant une même culture, celle de l’argent à tout prix, nous expose la mondialisation des organisations criminels et de leur mode d’action. Ce qui compte, c’est engendrer un maximum de bénéfices. L’honneur ou la morale n’y ont pas leur place. Dans ce monde, la drogue est une marchandise illégale qui permet d’accumuler un patrimoine légal et d’ainsi générer un pouvoir structuré bien caché.
Ce monde a un nom : « Mafia ». C’est un univers où la violence est acceptée, voir valorisée. Où la corruption est un mode d’action nécessaire. Où les intérêts communs créent des connivences entre le milieu affairiste, politique et criminels. La mafia n’est pas une organisation, c’est une manière de s’organiser en vue d’acquérir pouvoir et richesses au détriment du bien-être commun et des valeurs humaines.
L’affaire Sky en 2021, qui a permis et permet encore aux enquêteurs d’accéder à des millions de messages cryptés, a donné un aperçu de la sophistication de l’organisation de la criminalité organisée en Belgique et ailleurs.
D’après des enquêteurs et le témoignage de certains repentis, un docker peut toucher 100 000 euros pour simplement repérer où se trouve le conteneur dans lequel est stocké la drogue. Cela représente presque 3 fois son salaire annuel en une opération qui lui prend peut-être 5 minutes.
Tout cela nous rappelle que la Belgique n’échappe pas à l’implantation d’une haute criminalité sur son territoire. Celle-ci, forte d’une quantité de moyens financiers très conséquent, est aujourd’hui capable d’acheter les personnes nécessaires pour concrétiser ses opérations criminelles. D’après des enquêteurs et le témoignage de certains repentis, un docker peut toucher 100 000 euros pour simplement faciliter l’accessibilité du conteneur dans lequel est stocké la drogue. Cela représente presque 3 fois son salaire annuel en une opération qui lui prend peut-être 5 minutes.
Ces opérations ne peuvent évidemment être menées sans le consentement et la coopération de différentes personnes issues du monde « légal ». Ces liens évidents sont ressortis à de nombreuses reprises puisque derrière ces saisies spectaculaires se cachent plusieurs enquêtes ayant fait ressurgir les accointances entre milieu affairiste, policier et criminel.
Il ne s’agit pas ici de discréditer une corporation ou des individus mais plutôt de montrer que ces liens découlent d’une situation politico-économique qui permet à des groupes criminels organisés de s’allier au monde légal en vue d’enrichir leurs membres et leurs alliés au détriment de nos Etats et du peuple. Et bien plus, il s’agit d’expliquer l’histoire et les enjeux qui se tissent dans ce monde invisible qu’est la mafia en Belgique et ailleurs.
Notre pays a le devoir de faire face à ce tabou que représente l’existence de la mafia sur son territoire. Le nier c’est la tolérer. La tolérer c’est accepter sans broncher que des individus sans scrupules modèlent nos sociétés à leur image. Il en va de la responsabilité de nos Etats de lutter contre le phénomène mafieux qui tend à corrompre nos principes et nos valeurs.
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