Le 10 novembre, la Conférence des Parties (COP) – le plus haut organe décisionnel de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques – s’est réunie pour sa 30e session à Belém, au Brésil. Cette réunion se tient dans un contexte alarmant de crise planétaire. En 2024, les températures ont atteint pour la première fois 1,55 à 1,6°C au-dessus des niveaux préindustriels, la température des océans a atteint des sommets historiques, les concentrations de gaz à effet de serre ont culminé à leur plus haut niveau depuis 800 000 ans et la fonte cumulée des glaciers et de la calotte glaciaire du Groenland a battu tous les records.
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À quelques exceptions près, la Chine et la Russie, dont les programmes de reboisement ont permis de créer entre 2023 et 2024 des forêts d’une superficie équivalente à celle de la Corée du Sud, nous faisons face à une grave crise de déforestation qui menace l’air même que nous respirons. Le pays hôte de la COP30, malgré les efforts renouvelés du président Lula da Silva, figure en tête de liste. Le Brésil a été responsable de 42 % de la perte totale de forêts primaires en 2024, principalement à cause des incendies liés à la sécheresse ; il contribue de loin le plus à la déforestation mondiale. Ces crises écologiques et climatiques s’accompagnent d’une escalade historique de la violence contre les peuples du Sud. En Palestine, le génocide perpétré par Israël a probablement coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, tout en détruisant leurs terres. Au Soudan et au Congo, des millions de personnes sont mortes victimes de guerres par procuration menées au profit des élites nationales, de leurs soutiens étrangers et, en fin de compte, des multinationales qui profitent de la dévalorisation de leurs ressources et de leur vie abrégée.
Il ne s’agit pas de problèmes distincts. Ce sont les points de bascule d’un système mondial en crise. Le changement climatique et les violences génocidaires infligées aux peuples du Sud font partie d’un même processus par lequel l’impérialisme détruit les moyens de reproduction sociale – la terre et les vies humaines – afin de garantir sa capacité d’extraction et d’exploitation. Il est révélateur que l’armée américaine, qui défend des niveaux de consommation les plus obscènes au monde, soit à la fois le plus grand pollueur institutionnel de la planète et le principal instigateur de la violence qui se propage rapidement dans nos sociétés.
« Pourquoi les grands pays émetteurs de carbone ont-ils permis le meurtre systématique de milliers d’enfants à Gaza ? » Gustavo Petro, membre du Conseil de l’Initiative pour le climat et président colombien, a déclaré : « Parce qu’Hitler est déjà entré chez eux et qu’ils se préparent à défendre leurs niveaux élevés de consommation de carbone et à rejeter l’exode qu’ils provoquent. »
Le lien entre capitalisme et changement climatique est évident depuis longtemps. Comme l’a observé Karl Marx, le capitalisme perturbe les systèmes du « métabolisme » social et naturel – les cycles de production, de consommation et de nature dont l’interdépendance étroite soutient toute vie sur Terre. Cela est particulièrement visible dans l’agriculture, où l’intensification croissante a appauvri les sols des nutriments nécessaires à la croissance des cultures, et chez les paysan·es qui, de plus en plus nombreux·ses, sont chassé·es de leurs terres et contraint·es d’accepter des emplois précaires dans des villes surpeuplées.
Prises ensemble, ces crises mènent à une conclusion implacable : le capitalisme a atteint sa phase terminale. L’augmentation historique de la précarité de l’emploi, l’imposition de régimes néocoloniaux aux nations du monde et la destruction des moyens de reproduction sociale annoncent une série de points de basculement finaux et en cascade qui sonneront le glas du capitalisme, ou bien notre propre perte.
L’urgence est palpable lors de la conférence climatique de cette année. Dès l’ouverture de la COP30, la résistance a éclaté. Les communautés autochtones du Brésil ont organisé des manifestations de grande ampleur à l’intérieur et à l’extérieur du Centre de conventions Hangar, forçant les portes du bâtiment de Belém. Gardiennes ancestrales du monde naturel, elles ont exigé la fin de la marchandisation de la nature et des destructions qu’elle a engendrées pour leurs communautés et pour notre avenir.
Il incombe aux forces progressistes du monde entier de se joindre à cette lutte en s’organisant pour démanteler l’impérialisme et ses agent·es, que ce soit en Palestine, au Congo ou dans l’immensité de l’Amazonie.
A LIRE, en français ou en diverses langues via la traduction offerte par le site, notamment.
●”Inondations en Bengale du Nord : le coût d’une croissance effrénée”, Joydeep Sarkar, 11 novembre 2025.
●Inde. “République suffocante. La pollution athmosphérique mortelle de Delhi révèle l’échec de la gouvernance et une société ségréguée”, Varsha Gandikota-Nellutla, 10 novembre 2025.
●Indonésie. “Quatre décennies d’exploitation minière de ciment à Cirebon érodent les droits à l’eau des citoyens”,. Muhamd Nawil Gunawan, 4 mars 2025.
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