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La raison ? La solidarité entre gens du métier : ne pas attenter à l’intégrité physique d’un collègue de travail et, surtout, ne pas être complice du business déployé par l’industrie de l’armement au détriment des classes laborieuses, du peuple. Le militarisme bafoue allègrement les principes fondamentaux de pacifisme chers au mouvement socialiste.
De plus, une femme, à qui la Nature a donné le merveilleux pouvoir de donner naissance à un enfant, peut-elle promouvoir une activité qui fait de ce futur adulte de la chair à canon ? C’est bien la raison des manifestations de courageuses mères et grand-mères de soldats en Russie, naguère en Argentine.
Car, ne nous y trompons pas, la toute première vocation d’un militaire est bien d’apprendre à tuer. Et, je ne crois pas un instant à la sincérité intrinsèque d’une armée tournée vers des missions humanitaires. C’est l’arbre qui cache la forêt. Cette question éthique ne devrait-elle pas être d’application pour tout progressiste ?
Alors, qu’est-ce qui motive pareil déploiement de militarisme ? La patrie ? Ce nationalisme, tellement décrié par Tolstoï, par exemple, devrait être banni du vocabulaire progressiste et faire place à la Fraternité universelle, l’Histoire a démontré à suffisance à quoi menait le nationalisme.
Pour les armes belges envoyées à l’Ukraine, que l’on retrouve en Russie ou pas, peu importe, vous avez déclaré qu’un document spécifie avec chaque envoi qu’il s’agit d’armes de défense : c’est prendre les citoyens pour des minus habens qui goberaient pareil argument, comme si les destinataires de ces engins de mort avaient une quelconque conscience en la matière.
Mais, suis-je tenté de vous demander : les affaires (business) primeraient-elles sur toutes considérations d’ordre éthique ?
J’ai aussi lu que vous étiez fière d’avoir fait augmenter de manière considérable le budget des armées, là où l’enseignement du maniement des armes a pour unique but de détruire les êtres humains « ennemis », rappelons-le, voire de s’opposer par la force aux légitimes revendications citoyennes, comme ce fut réalisé dans le temps.
Vous clamez une augmentation qui donnerait de l’emploi : c’est un mantra récurrent faisant totalement fi des préceptes humanistes, autre arbre qui cache la forêt.
À vrai dire, se prétendre socialiste et être gestionnaire des affaires entre le lobby de l’industrie de l’armement et des militaires et militaristes avides de galons et de notoriété, c’est très inquiétant pour la démocratie, car, selon Louis Lecoin : « S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre. Car on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres. » Est-ce que la conscience d’un progressiste ne lui dicte pas d’arrêter de faire la part belle aux pouvoirs militaro-industriels et, plutôt, de mettre toute son énergie à promouvoir une culture de paix ? Celle de véritables acteurs d’un pacifisme actif, celui qui fit tomber maints dictateurs et régimes tyranniques.
Oublie-t-on que les conflits, depuis la nuit des temps, se terminent régulièrement par un arrêt des hostilités, par un traité de paix ? Le conflit Russie-Ukraine actuel ne va-t-il pas, un jour, se régler dans des pourparlers ? Et si on œuvrait avec force pour qu’il en soit ainsi, mais de préférence AVANT que le mal soit fait, bien entendu. Car, le pacifisme se travaille, se milite.
Et si notre Société déployait un arsenal de pacifisme plutôt qu’entretenir le mythe de la « Grande Muette », celle qui massacre ?
Utopie ? « L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui est irréalisé », déclara le regretté Cabu, pacifiste notoire. La légalité doit toujours s’effacer en présence de la légitimité, c’est un principe humaniste inaliénable et, quand le pacifisme apparaît comme une notion de faiblesse (« Des dégonflés ! », « Des poules mouillées !) ou de soumission, c’est l’indéniable double symptôme d’une méconnaissance du concept et un échec pédagogique. Pourtant, comme le signala le psychologue Serge Moscovici, les minorités agissantes ont une réalité politique bien supérieure à leur représentation statistique.
Je vous remercie, Madame Dedonder de m’avoir prêté attention. Du moins, je l’espère.
Pierre Guelff and co