Laurence Roudart, professeure de Développement agricole à l’ULB a coordonné une étude reposant sur 3 bases de données (FAOSTAT, GAEZ et SAGE) relatives aux terres agricoles mondiales. Elle envisage 3 possibilités. Dans la première hypothèse, très restrictive, les terres « peu convenables » à la culture ne seraient pas cultivées. Dans la deuxième hypothèse, moins restrictive, les terres « peu convenables » seraient mises en culture, sans toucher aux forêts. Dans la troisième hypothèse, plus large encore, toutes les terres cultivables sous forêt seraient mises en culture, ce qui correspond au tiers des forêts mondiales. Les 2/3 des forêts seraient donc maintenus. Les calculs indiquent que dans la première hypothèse, l’extension de la superficie cultivée mondiale par rapport à l’année 2005 pourrait être d’environ 1.000 millions d’hectares ce qui reviendrait à la multiplier par 1,7. Selon la deuxième hypothèse, cette superficie pourrait être accrue d’environ 1.450 millions d’hectares, soit une multiplication quasiment par 2 (toujours sans toucher aux forêts). Selon la troisième hypothèse, la surface cultivable pourrait augmenter d’à peu près 2.350 millions d’hectares, soit une multiplication par 2,5. Toutefois, ces possibilités d’extension des terres cultivables sont très différentes d’un continent à l’autre ou d’une région à l’autre comme on peut le voir sur le graphique.
LES TERRES CULTIVABLES SUFFIRONT-ELLES À NOURRIR L’HUMANITÉ DANS LE FUTUR ?
Nourrir l’humanité en développant la permaculture, l’agroécologie et l’agroforesterie
Reste-t-il assez de terres cultivables à l’échelle mondiale actuellement et leur quantité sera-t-elle suffisante pour nourrir l’humanité, si celle-ci s’accroît jusqu’à 10 milliards d’êtres humains en 2100 ? Pour répondre à cette question, il faut prendre en compte de nombreux facteurs : la qualité agricole des sols, les capacités d’irrigation, le niveau du réchauffement climatique, la montée des océans… Plusieurs chercheurs, tel l’agronome Marc Dufumier, considèrent qu’il est possible de nourrir l’humanité en changeant de mode de culture et en développant la permaculture, l’agroécologie et l’agroforesterie. Il estime que « l’agroécologie peut parfaitement nourrir 10 milliards d’humains »[1]. Or, c’est le nombre d’humains qui devraient vivre sur la terre à la fin du XXIe siècle, selon les prévisions des démographes de l’ONU. Cependant, l’agronome Marc Dufumier ne prend pas en compte le réchauffement climatique dans ses prospectives.