Les débats médiatiques s’animent de polémiques sur ce qu’il convient, conviendrait, aurait fallu faire ou pas face à la pandémie qui enfle et prospère. Un regard quelque peu distancé, éloigné des diatribes narcissiques connues dans tout landernau national, permet de constater qu’il y a, de par le monde, quatre manières de réagir face à cette situation inédite. Même si la classification ici proposée est nécessairement arbitraire et si des recouvrements et évolutions dans le temps sont observés, cela apprend beaucoup sur les priorités et valeurs qui animent les diverses sociétés et sur leur efficacité face au danger.
1. Surprise et détermination
Le cas de la Chine est évidemment particulier : c’est là qu’est apparu le coronavirus et là qu’il a fallu improviser. Au-delà des atermoiements et erreurs de départ (habituel syndrome du déni ?), les autorités chinoises ont réagi avec méthode et détermination. On a bien sûr beaucoup glosé sur la capacité de l’Empire du Milieu à construire des hôpitaux d’urgence en quelques semaines, sur le caractère autoritaire d’un régime à parti unique (ils n’ont gardé le terme communiste que pour feindre la continuité) mais, a posteriori, est-on conscient que non seulement les 50 millions d’habitants de la province de Hubei ont été mis en confinement total mais que dans tout le pays les usines non essentielles à la survie ont été arrêtées, que les transports en commun ont été suspendus ? Là-bas, la logique confucéenne, développée et bien intégrée dans les esprits depuis 2.500 ans, met l’obéissance au père et au prince avant les caprices individuels et l’harmonie sociale est la fin voulue par les gouvernants et…. les gouvernés. Résultat (voir le graphique en fin de l’article), 30 jours après que 100 cas eurent été diagnostiqués, la contagion était stabilisée (tant et si bien qu’aujourd’hui la Chine doit se protéger des arrivants venus de l’extérieur et porteurs du virus). Bien sûr, en Chine, quand le parti a décidé, il ne peut y avoir de pressions de la part de chefs d’entreprises qui hurlent face à la perte de perspectives de profits.