Le rameau d’olivier plutôt que l’étendard de la guerre

Et donc selon le nouveau ministre de la Défense français, directement relayé dans la presse belge par le chef de la Défense nationale belge, il faut reconvertir nos économies en « économies de guerre ». En bref, ne laissons pas nos industries rater de juteux contrats d’armements que nous offre la guerre en Ukraine, le tout bien sûr au nom de nos valeurs démocratiques.

 Madame von der Leyen appelle à lever un nouveau train de sanctions contre Moscou.
Dans le même temps, Madame von der Leyen appelle à lever un nouveau train de sanctions contre Moscou. N’a-t-elle pas constaté que ce sont essentiellement les économies européennes qui trinquent dans la mesure où M. Poutine avait anticipé cette situation en cherchant, bien avant la guerre, à diversifier sa clientèle pour le gaz et le pétrole russe lorsqu’il s’aperçu que les Européens, pliant devant les exigences américaines, avaient bloqué l’ouverture du gazoduc Nord Stream 2. Il est étonnant de constater que c’est Mme von der Leyen qui, aujourd’hui, tient les rênes de la direction européenne. On la retrouve parcourant le monde en lieu et place de M. Borrel sensé être le Haut Représentant des institutions européennes aux relations extérieures. Quant au Président du Conseil, Charles Michel, il peine à encore exister. C’est elle aussi qui, dès à présent, nous invite à nous serrer la ceinture notamment, en abandonnant nos voitures, réduisant l’usage des climatiseurs et anticipant son annonce sur l’obligation qui nous sera faite de réduire à 19° le chauffage en hiver, d’éteindre les éclairage publics. Toutes ces mesures prônées par les écologistes pour améliorer notre climat, n’avaient pas jusqu’ici trouvé en Mme von der Leyen une telle avocate.

 

Qu’est-ce qu’une économie de guerre ?

Une économie de guerre ? C’est celle qui autorise l’État à prendre toutes les mesures nécessaires à la survie de ses institutions et à la protection des citoyens.
C’est celle qui autorise l’État à prendre toutes les mesures nécessaires à la survie de ses institutions et à la protection des citoyens. Cela peut donner froid dans le dos lorsqu’on se rappelle les mesures adoptées à ce titre par le gouvernement du maréchal Pétain. Les Conventions de Genève, adoptées en 1947 et complétées en 1949, stipulent quelles sont les obligations de la puissance occupant un autre pays.  Aujourd’hui déjà, il y a lieu de s’inquiéter de la manière dont ont été prises les décisions de la Commission européenne centralisant toutes les mesures prises à l’encontre de la Russie et dont M. Stoltenberg, S.G. de l’OTAN se félicite de la bonne coordination avec ses services. De même, il y a lieu de questionner nos parlementaires sur les choix opérés par nos différents pays en matière de livraisons d’armes pour combattre l’envahisseur russe. Nous prétendons le faire au nom de la défense d’un pays, l’Ukraine, qualifié de pays partageant nos valeurs démocratiques. Or, il faut être lucide : l’Ukraine n’a jamais été identifiée comme telle avant l’invasion russe. Ceux qui, au nom de la solidarité atlantique, livrent des armes défensives et offensives aux Ukrainiens et qui proclament vouloir « aider les Ukrainiens à gagner la guerre » en mettant nos économies en « état de guerre » sont des irresponsables au vu des seuls résultats obtenus jusqu’à présent : des réfugiés en masse, des morts par dizaines de milliers , des destructions sans fin, et des perspectives encore plus dramatiques pour les prochaines semaines, parce qu’ils s’obstinent à vouloir faire plier M. Poutine.

Nos parlementaires doivent d’urgence se préoccuper de la traçabilité des armes livrées, car ne sont-elles pas déjà partagées par des groupes d’obédiences fascistes ? Ils ont aussi l’obligation de nous préserver des dangers que représente « l’économie de guerre » : dérives démocratiques comme la censure de la presse russe, par exemple, contrôles renforcés pour forcer les économies de gaz, privations vécues par nos concitoyens, victimes des spéculations et hausses du coût de la vie, provoquées à l’occasion de cette confrontation guerrière.

Non, nous ne sommes pas en guerre et nous refusons la volonté de certains d’en découdre avec la Russie, quel qu’en soit le motif. Il serait temps de se mobiliser sérieusement pour relayer les appels de plus en plus nombreux de ceux qui depuis le Grand Sud mais aussi en Europe, aux Amériques, en Ukraine et en Russie, appellent à mettre fin de toute urgence à ce conflit des plus périlleux pour notre humanité. Rappelons-nous, ce 8 août, les largages des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et empêchons que de tels crimes se reproduisent.

Nos responsables politiques, au lieu de jouer des biceps, doivent mobiliser toutes leurs énergies et des moyens financiers importants pour rendre à l’ONU et à son Secrétaire général A. Guterres le rôle qui est le leur pour forcer des négociations en vue de mettre un terme à la guerre en Ukraine et instaurer un processus de paix respectueux des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes sans être les jouets des affrontements présents et futurs entre grandes puissances.

Les guerres actuellement en cours, bien trop meurtrières et destructrices nous appellent à la raison et à travailler collectivement à un nouvel ordre international en mesure de recréer les conditions d’un vivre ensemble plus pacifique, plus socialement responsable, plus respectueux de l’ensemble du vivant et plus réellement démocratique. C’est pour ce faire que nous devons nous mobiliser et forcer les porteurs d’étendards guerriers à laisser la place aux porteurs de la branche d’olivier.

Pierre Galand

Mesures d’économie d’énergie en Europe :  https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_22_4608