Le pire n’est pas certain de Catherine et Raphaël Larrère
Le sous-titre de cet ouvrage, Essai sur l’aveuglement catastrophique, indique clairement que l’objectif des auteurs est de dénoncer la collapsologie et ses conséquences. Pourtant, on le verra ils accordent certaines qualités à ce mouvement.
Les auteurs d’abord : le couple formé par Catherine et Raphaël Larrère se complète parfaitement. Lui ingénieur agronome, elle philosophe spécialisée dans l’éthique environnementale font une paire qui aborde les sujets environnementaux et sociétaux avec une très grande pertinence et une conception du débat qui est fort loin de la polémique. Se basant sur de faits et de nombreuses références ils dissèquent des sujets avec une qualité certaine. Ainsi, leur livre précédent, Penser et agir avec la nature est un incontournable sur les relations humains-nature.
Leur référence la plus fréquente sont les ouvrages de Pablo Servigne et Raphaël et notamment leur best-seller de 2015, Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Paris, Seuil, coll. « Anthropocène ») réédité en collection de poche.[1]
Le début du livre ne nie pas les menaces et déjà les premiers signes qui montrent que diverses crises et catastrophes menacent notre planète et qui sont dues aux excès des activités humaines. Leur addition amène à postuler une crise que les auteurs n’hésitent a à qualifier de crise systémique. Ils reprennent d’ailleurs de terme d’anthropocène qui dénonce la cause première de ces nuisances qui sont causées par le système néolibéral et capitaliste.
Ces catastrophistes ne pensent pas, à l’opposé des collapsologues, que l’effondrement est inéluctable.
Ils font appel ensuite aux penseurs qui depuis longtemps mettent en garde contre ces évolutions qu’ils regroupent sous le terme de catastrophisme. Gunther Andrés, Hans Jonas ou Jean-Piere Dupuis (inventeur du terme « catastrophisme éclairé ») sont de ceux -là. Mais ces catastrophistes ne considèrent pas que l’effondrement n’est pas inéluctable. Au contraire, ils pensent que dénoncer la possibilité/probabilité de la catastrophe doit inciter les responsables et les citoyens à entreprendre les mesures à même d’écarter ou de minimiser ces événements tant redoutés. Ils ne pensent pas, à l’opposé des collapsologues, que l’effondrement est inéluctable. Une autre différence est que les effondristes modérés ne font pas l’impasse sur l’Etat et sur les avancées technologiques, à condition qu’elles n’aient pas des effets pires que ce contre quoi elles sont censées lutter (géo-ingénierie). Le combat est donc politique et social et ne fait pas l’impasse sur les inévitables conflits qui vont opposer les tenants du pouvoir, politiques dans leur majorité et les lobbies industriels. Ils pensent
qu’il faut briser les formes politiques existantes et en créer des nouvelles. Il faut détruire les anciennes connexions et en construire de nouvelles. (…) Seul un sursaut politique permet de piloter pacifiquement la grande descente énergétique à venir.
Le pire n’est pas certain, Essai sur l’aveuglement catastrophiste
Catherine et Raphaël Larrère
Premier parallèle
195 pages, 18 euros
[1] Comment tout peut s’effondrer, Servigne et Stevens, Collection de poche, 8,90 euros
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